ABBAS BASS , Photo Le Soleil
Dans l’univers de la sphère orange au Sénégal, son prénom «Abbas » est synonyme de formateur de jeunes basketteurs. Il appartient comme Ass Diack,Gaucher Paye, Eliot Moustapha Khouma et autre Assane Kara au football à cette caste de soldats du sport, ces entraîneurs qui, depuis des décennies, réussissent à faire lever la bonne graine. Contre vents et marées, qu’il vente ou qu’il pleuve Abbas Basse, cet initiateur animateur, car c’est de lui qu’il s’agit, est toujours là à s’époumoner pour initier les adolescents au basket. De l’Asfo à Bopp en passant par la Ja ce soutier de 55 ans a laissé son empreinte en inculquant la science de la balle au panier aux gamins et aux gamines. Cela fait trente-deux ans qu’il apporte un bonus incontestable au basket sénégalais. Dans l’ombre, il se bat pour que le grain ne meurt.Infatigable.
Centre Amadou Malick Gaye de Bopp. Lundi 8 septembre 2008.10h 32. « Papa (c’est comme çà qu’il appelle ses jeunes protégés,les apprentis basketteurs), fais le tour de la bouteille, car c’est là que tu vas trouver ton équilibre technique. » Abbas Basse, 55 ans, a passé au moins 32 ans de sa vie sur les parquets pour former les adolescents sénégalais à la pratique du basket. Un véritable bosseur qui, selon le Secrétaire général du club boppois, Pape Diouf, «consacre quotidiennement pas moins de 10 heures aux apprentis basketteurs. Il est là tous les jours de 9h à 20 ». On comprend pourquoi de l’Asfo, où il a passé plus d’une vingtaine d’années « c’est feu Kader Diallo, l’un des meilleurs formateurs d’Afrique, qui était venu me chercher » à Bopp en passant par la Ja, il n’y a presque pas un grand club de basket dakarois qui n’a pas cherché à s’attacher ses services. Avec «seulement » comme sésame un diplôme d’initiateur animateur,Abbas a contribué à la formation de nombreux basketteurs sénégalais. Parmi ses meilleurs élèves, on peut noter les « Lions » Etienne Preira, Mactar Ndiaye, Aly Ngoné Niang et les « Lionnes » Fatou Kiné Ndiaye, Kadia Diarisso, Maty Lopy, les sœurs Diakhaté (Adama et Rama) et Ndiaye (Astou,Ndèye), Coumba Sarr, Aya Traoré Fatoumata Diango ». Pourtant rien ne semblait prédestiner cet homme à faire cette carrière. Il n’a jamais joué au basket. « J’étais athlète. Je pratiquais le 800 m, le saut en longueur et le triple saut au Diaraf en 1974 et 1975 », révèle-t-il. Cette volonté et ce choix de vie lui ont été dictés par « cette admiration » qu’il avait déjà dans son Ziguinchor natal « pour les professeurs qui, bien habillés, enseignaient l’éducation physique. Je voulais les imiter.»
Un fan des Harlem globe-trotters
Le passage à Dakar des Harlem globe-trotters, les basketteurs les plus célèbres et spectaculaires du monde des années 1950 aux années 1970, a été une autre révélation pour Abbas. « Ils m’ont marqué avec leur technique individuelle, leur maîtrise des fondamentaux, ils jouaient en se faisant
plaisir ». Pour cet employé dans un hôtel des Almadies, l’idée, le projet de créer un centre mini basket par ses propres moyens au quartier Sacré-cœur était né en 1976. « Je faisais du porte-à-porte. Parmi les premiers pensionnaires, il y avait Etienne Preira Al Ghor, Pape Samba », se souvient-il. Peut-être c’est parce que « le basket, c’est de l’athlétisme joué », comme dirait l’ancien coach des «Lionnes» du basket, Bonaventure Carvalho, qu’Abbas Basse, ancien athlète, y a réussi dans la formation. Si ce n’est son approche psychologique des enfants basketteurs qui est opérante. Car, pour lui, pour faire adhérer l’enfant débutant à la réalité du basketball, il faut en parler avec un langage particulier, sans heurter. «Ne pas se presser. Quand on enseigne, il ne faut pas crier sur les enfants », précise-t-il. Abbas a sans nul doute compris très tôt qu’à cet âge-là « l’adolescent est malléable, il est en devenir, il a le désir d’apprendre ; pour lui, jouer est primordial », ajoute-t-il. Dans la formation, on peut acquérir le physique par le ballon, « moi je préfère ne pas faire trop courir les enfants ». Pour Abbas, « les étapes de l’apprentissage doivent se succéder, s’enchaîner les unes aux autres. Dans les clubs, il faudrait que le même entraîneur puisse conduire les joueurs de minimes à la catégorie juniors ». Selon lui, la pratique du basket en particulier du sport en général nécessite une très bonne condition physique. « Le physique, c’est l’eau pour le sportif ». Faisant référence à l’actualité récente avec le match perdu par le Sénégal face à l’Algérie en éliminatoires combinées Can et Mondial 2010 de football, il déclare que « notre équipe était fatiguée ». La maladresse des Sénégalais sur les tirs est due, selon lui, au manque de travail sur un des fondamentaux du basket « Pour apprendre le tir, le lancer-franc, il faudrait, note-t-il, que le joueur fasse des exercices sous la raquette en tirant avec une seule main et en étant en génuflexion ». Celui qui a fréquenté des grands coaches comme feus Kader Diallo et Ousmane Sarr, Alioune Diop, Busnel Diagne, Claude Constantino, Mbaye Konaté,Bonaventure Carvalho, Mbaye Guèye, Ousseynou Ndiaga Diop,Oumar Diop «Willy» et consorts,décrète que : «le basket sénégalais n’est pas mort, c’est qu’il manque de formateurs. Aujourd’hui,les entraîneurs préfèrent entraîner les seniors, car les formateurs sont moins rémunérés ».
Reconnaissance
des anciens élèves A l’heure de l’amateurisme marron au Sénégal, celui qui «n’était pas payé à l’Asfo » où l’ancien président feu Ibou Diagne « m’a beaucoup aidé, il m’avait trouvé du travail au Cices », continue son « bénévolat », car « avec la location, la nourriture de ma famille, le transport, ce que je gagne ne me permet pas de vivre, mais Dieu m’aide ». Il y aussi l’appui de ses anciens élèves, entre autre, Adama Diakhaté, Ndèye et Astou Ndiaye, Aya Traoré qui lui offrent des cadeaux et de l’argent. « Je profite de l’occasion pour les remercier ainsi que leurs familles », dit-il avant d’ajouter : «quand je vois un de mes élèves en équipe nationale, je me dis que j’ai contribué à la formation de joueurs pour la nation ». Ce sentiment de faire œuvre utile le pousse à rester. A persévérer. Même « si le poids de l’âge (55ans) commence à se faire sentir ».
« Pourquoi je ne me fatigue pas ? J’aime les enfants. Tant qu’il ne me restera un souffle de vie, je les initierais au basket », lance Abbas. Ses collaborateurs comme le Secrétaire général, Pape Diouf et le coach des seniors garçons de Bopp, Ousmane Diallo « Oussou Bondé », ne tarissent pas d’éloges à son endroit. « Abbas a beaucoup fait pour le basket sénégalais ; il a toujours travaillé à la base. Il a envie de travailler avec les enfants, ce qui n’est pas donné à n’importe qui. Toute sa vie c’est le basket, il n’a pas de vie de famille. Je l’appelle « Papa poule », car il couve les enfants, leur rend visite,nous signale les cas sociaux pour qu’on les aide », soulignent-il en chœur. Pour eux, « il mérite d’être soutenu». Abbas n’a pas les diplômes que sa vaste connaissance du jeu inventé à Springfield (Etats-Unis) par le Canadien James Naismith laisse supposer, mais il a
peut-être plus, l’expérience de trente-deux ans de balle orange dans les veines et surtout l’obsession de la formation. Ce qui n’est pas rien.
Centre Amadou Malick Gaye de Bopp. Lundi 8 septembre 2008.10h 32. « Papa (c’est comme çà qu’il appelle ses jeunes protégés,les apprentis basketteurs), fais le tour de la bouteille, car c’est là que tu vas trouver ton équilibre technique. » Abbas Basse, 55 ans, a passé au moins 32 ans de sa vie sur les parquets pour former les adolescents sénégalais à la pratique du basket. Un véritable bosseur qui, selon le Secrétaire général du club boppois, Pape Diouf, «consacre quotidiennement pas moins de 10 heures aux apprentis basketteurs. Il est là tous les jours de 9h à 20 ». On comprend pourquoi de l’Asfo, où il a passé plus d’une vingtaine d’années « c’est feu Kader Diallo, l’un des meilleurs formateurs d’Afrique, qui était venu me chercher » à Bopp en passant par la Ja, il n’y a presque pas un grand club de basket dakarois qui n’a pas cherché à s’attacher ses services. Avec «seulement » comme sésame un diplôme d’initiateur animateur,Abbas a contribué à la formation de nombreux basketteurs sénégalais. Parmi ses meilleurs élèves, on peut noter les « Lions » Etienne Preira, Mactar Ndiaye, Aly Ngoné Niang et les « Lionnes » Fatou Kiné Ndiaye, Kadia Diarisso, Maty Lopy, les sœurs Diakhaté (Adama et Rama) et Ndiaye (Astou,Ndèye), Coumba Sarr, Aya Traoré Fatoumata Diango ». Pourtant rien ne semblait prédestiner cet homme à faire cette carrière. Il n’a jamais joué au basket. « J’étais athlète. Je pratiquais le 800 m, le saut en longueur et le triple saut au Diaraf en 1974 et 1975 », révèle-t-il. Cette volonté et ce choix de vie lui ont été dictés par « cette admiration » qu’il avait déjà dans son Ziguinchor natal « pour les professeurs qui, bien habillés, enseignaient l’éducation physique. Je voulais les imiter.»
Un fan des Harlem globe-trotters
Le passage à Dakar des Harlem globe-trotters, les basketteurs les plus célèbres et spectaculaires du monde des années 1950 aux années 1970, a été une autre révélation pour Abbas. « Ils m’ont marqué avec leur technique individuelle, leur maîtrise des fondamentaux, ils jouaient en se faisant
plaisir ». Pour cet employé dans un hôtel des Almadies, l’idée, le projet de créer un centre mini basket par ses propres moyens au quartier Sacré-cœur était né en 1976. « Je faisais du porte-à-porte. Parmi les premiers pensionnaires, il y avait Etienne Preira Al Ghor, Pape Samba », se souvient-il. Peut-être c’est parce que « le basket, c’est de l’athlétisme joué », comme dirait l’ancien coach des «Lionnes» du basket, Bonaventure Carvalho, qu’Abbas Basse, ancien athlète, y a réussi dans la formation. Si ce n’est son approche psychologique des enfants basketteurs qui est opérante. Car, pour lui, pour faire adhérer l’enfant débutant à la réalité du basketball, il faut en parler avec un langage particulier, sans heurter. «Ne pas se presser. Quand on enseigne, il ne faut pas crier sur les enfants », précise-t-il. Abbas a sans nul doute compris très tôt qu’à cet âge-là « l’adolescent est malléable, il est en devenir, il a le désir d’apprendre ; pour lui, jouer est primordial », ajoute-t-il. Dans la formation, on peut acquérir le physique par le ballon, « moi je préfère ne pas faire trop courir les enfants ». Pour Abbas, « les étapes de l’apprentissage doivent se succéder, s’enchaîner les unes aux autres. Dans les clubs, il faudrait que le même entraîneur puisse conduire les joueurs de minimes à la catégorie juniors ». Selon lui, la pratique du basket en particulier du sport en général nécessite une très bonne condition physique. « Le physique, c’est l’eau pour le sportif ». Faisant référence à l’actualité récente avec le match perdu par le Sénégal face à l’Algérie en éliminatoires combinées Can et Mondial 2010 de football, il déclare que « notre équipe était fatiguée ». La maladresse des Sénégalais sur les tirs est due, selon lui, au manque de travail sur un des fondamentaux du basket « Pour apprendre le tir, le lancer-franc, il faudrait, note-t-il, que le joueur fasse des exercices sous la raquette en tirant avec une seule main et en étant en génuflexion ». Celui qui a fréquenté des grands coaches comme feus Kader Diallo et Ousmane Sarr, Alioune Diop, Busnel Diagne, Claude Constantino, Mbaye Konaté,Bonaventure Carvalho, Mbaye Guèye, Ousseynou Ndiaga Diop,Oumar Diop «Willy» et consorts,décrète que : «le basket sénégalais n’est pas mort, c’est qu’il manque de formateurs. Aujourd’hui,les entraîneurs préfèrent entraîner les seniors, car les formateurs sont moins rémunérés ».
Reconnaissance
des anciens élèves A l’heure de l’amateurisme marron au Sénégal, celui qui «n’était pas payé à l’Asfo » où l’ancien président feu Ibou Diagne « m’a beaucoup aidé, il m’avait trouvé du travail au Cices », continue son « bénévolat », car « avec la location, la nourriture de ma famille, le transport, ce que je gagne ne me permet pas de vivre, mais Dieu m’aide ». Il y aussi l’appui de ses anciens élèves, entre autre, Adama Diakhaté, Ndèye et Astou Ndiaye, Aya Traoré qui lui offrent des cadeaux et de l’argent. « Je profite de l’occasion pour les remercier ainsi que leurs familles », dit-il avant d’ajouter : «quand je vois un de mes élèves en équipe nationale, je me dis que j’ai contribué à la formation de joueurs pour la nation ». Ce sentiment de faire œuvre utile le pousse à rester. A persévérer. Même « si le poids de l’âge (55ans) commence à se faire sentir ».
« Pourquoi je ne me fatigue pas ? J’aime les enfants. Tant qu’il ne me restera un souffle de vie, je les initierais au basket », lance Abbas. Ses collaborateurs comme le Secrétaire général, Pape Diouf et le coach des seniors garçons de Bopp, Ousmane Diallo « Oussou Bondé », ne tarissent pas d’éloges à son endroit. « Abbas a beaucoup fait pour le basket sénégalais ; il a toujours travaillé à la base. Il a envie de travailler avec les enfants, ce qui n’est pas donné à n’importe qui. Toute sa vie c’est le basket, il n’a pas de vie de famille. Je l’appelle « Papa poule », car il couve les enfants, leur rend visite,nous signale les cas sociaux pour qu’on les aide », soulignent-il en chœur. Pour eux, « il mérite d’être soutenu». Abbas n’a pas les diplômes que sa vaste connaissance du jeu inventé à Springfield (Etats-Unis) par le Canadien James Naismith laisse supposer, mais il a
peut-être plus, l’expérience de trente-deux ans de balle orange dans les veines et surtout l’obsession de la formation. Ce qui n’est pas rien.