"L'équipe n'était pas performante"
"Nous reconnaissons que le résultat n'est
pas bon. Il était même catastrophique. C'est l'un des pires résultats que le
basket sénégalais a enregistrés. Maintenant, si on se situe dans le cadre
purement sportif, il faut voir que les meilleurs tombent parfois dans des
situations que personne ne peut prévoir. La Can d'Angola a été celle de tous les
paradoxes. Avec le Sénégal qui ne se qualifie pas au second tour, le Nigeria
éliminé dès les quarts. Toutes les équipes attendues ne sont pas arrivées au
bout du rouleau. Il n'y a que l'Angola qui a réalisé une bonne Can par rapport
aux favoris. Toutefois, ce n'est pas une excuse. Il faut éviter ce qu'on appelle
des épiphénomènes pour expliquer une défaite. Nous avons été battus
régulièrement par nos adversaires. Nous n'avons aucun prétexte à avancer de quoi
que ce soit. Le Sénégal a été logé à la même enseigne que toutes les équipes.
Les péripéties connues en Angola l'ont été pour toutes les autres équipes. Il
n'y a jamais eu d'erreurs d'arbitrage. Nous ne nous réfugions derrière aucun
alibi. Nous avons été battus parce que nous n'étions pas performants, nous
n'avons pas été bons. L'équipe a fait de mauvais matches. Elle était
méconnaissable collectivement et individuellement. Ainsi nous n'avons eu que le
résultat que nous méritions".
"La fédération assume"
"Nous réitérons nos excuses au public
sportif sénégalais. Nous pensons qu'il s'agit là d'une contre-performance. Du
coup, la fédération assume toutes ses responsabilités de cet échec. Et nous
tirerons les conclusions de cette campagne. Nous avons voulu vider le dossier et
tirer les premiers enseignements. Il reste entendu que nous ferons une
évaluation technique quand nous aurons reçu tous les rapports. Et,
ultérieurement, après la Can des filles, nous nous prononcerons globalement sur
les mesures à prendre pour redresser tout ça. D'ores et déjà, nous avons des
pistes de réflexion".
"Pourquoi dois-je démissionner ?"
"Ce n'est pas parce qu'on a subi un
camouflet dans un championnat d'Afrique que le bureau de la fédération doit
démissionner. Aujourd'hui, le faire serait pour moi un acte de lâcheté. Car
choisir de partir, à 20 jours de la tenue de la Can féminine dans notre pays,
alors qu'on a été éliminé logiquement, serait une fuite en avant. C'est à nous
d'apprécier le moment venu. Ce ne sont pas des injonctions de journalistes qui
nous ferons craquer. Je ne démissionne pas. Cela n'est pas à l'ordre du jour. Et
je ne vois pas pourquoi je devrais le faire. Nous avions des objectifs depuis
2005. La plupart sont atteints et d'autres non. 100% de rÈussite n'existe nulle
part".
"La préparation était moyenne"
"Il est vrai que la préparation n'a pas
été celle que nous souhaitions. Elle devait se faire en trois phases : une
première à Dallas (Etats-Unis) sur recommandation de l'entraîneur Sam Vincent et
du manager général Amadou Gallo Fall. Mais cette partie n'a pas été la meilleure
possible parce qu'on n'a pas pu regrouper tous les internationaux pressentis.
Nous étions obligés de nous rabattre sur des universitaires. Ce problème
s'explique par le fait qu'on était à Dallas à une période où il y avait la
Summer-league et certains joueurs étaient plus préoccupés par leur carrière
personnelle. On a eu aussi des joueurs qui étaient avec nous avant de nous
quitter sans donner d'explications. Après, nous sommes revenus au Sénégal pour
aller à Tunis. Nous avons raté le tournoi de Tunisie, mais on s'est rattrapé
avec un match. Et l'on a fini avec le camp d'Italie où la situation était plus
stable. Par ailleurs, je mets de côté les difficultés rencontrées pour
l'obtention des visas car, nous n'avons aucune emprise sur les ambassades. Nous
ne pouvons rien faire à ce niveau. D'autant qu'on ne peut pas anticiper sur
cela. On ne peut demander un visa tant que le technicien n'a pas publié sa
liste, tant que nous n'avons pas les billets. L'administratif qui suit ce
dossier est obligé de considérer ces paramètres. Donc, de manière générale, nous
jugeons que la préparation était moyenne. Mais c'est le moins important car, des
équipes ont gagné sans s'être préparées. Le Cap-Vert n'est jamais sorti du pays
pour se préparer. C'est pareil pour le Cameroun. Il faut aussi dire que les
préparations aux Etats-Unis nous causent énormément de problèmes.ª
"L'expérience Sam Vincent a été un échec"
"Le recrutement d'un coach étranger était
une demande formulée par la famille du basket lors des assises de 2004. Et quand
je suis arrivé en 2005, c'est la première des choses que j'ai appliquée. La
premiére opération a été faite avec Abdourahmane Ndiaye "Adidas" (qui sera
limogé, ndlr) puis avec Sam Vincent. Ainsi, l'expérience Sam Vincent a été un
échec. Il faut rappeler que nous étions amenés à le prendre sur la base de son
palmarès. Il est reconnu que c'est un entraîneur de très haut niveau. Cela,
personne ne peut le contester. Entre temps, il a été promu head coach de
Charlotte Bobcats et il n'a pas eu le temps de faire le travail pour lequel il a
été engagé. Et la responsabilité fédérale, dans ce cas, est de n'avoir pas
anticipé sur son indisponibilité. Nous avons toujours pensé que cela ne pouvait
pas poser de problème. Maintenant, dès l'instant qu'il n'était pas à la phase
ultime en Angola, pour moi, il n'a pas rempli ses obligations. Même Gallo Fall
était surpris de la non-présence de Sam, qui n'a donné ses raisons ni à Gallo ni
à nous. Donc, on ne peut pas justifier son absence. On ne fait que constater"
"Sam a rompu son contrat de lui-même"
"Il était dit que Sam Vincent devait,
après la Can masculine, collaborer avec le staff technique des "Lionnes". Mais
du moment quíil n'a pas respecté le premier engagement, il ne sera pas à Dakar
pour apporter son aide à Magatte Diop. Dans la mesure où il n'est plus le coach
du Sénégal. Et aujourd'hui, la fédération, dès l'instant où Sam Vincent ne s'est
pas présenté en Angola pour coacher l'équipe, il a rompu de lui-même le contrat
qui nous liait. Parce que nous étions dans le cadre d'un contrat de type
synallagmatique. C'est-à-dire, le non-respect des termes d'accord de l'une des
parties entraîne immédiatement la rupture du contrat. Donc, il n'y a même pas
une nécessité, au plan juridique, de résilier le contrat. Cela s'est fait
automatiquement."
"Ni Sam ni le ministère n'ont respecté leurs engagements"
"Il faut rappeler que le contrat a été
signé fin mai avec l'accord du ministre. Et ce dernier était chargé de veiller à
l'exécution du contrat dans sa partie financière. J'ai adressé une
correspondance au ministre, le 13 juillet, dans laquelle je lui transmettais
officiellement le contrat de Sam Vincent. Et en lui demandant que les incidences
financières soient mises en application. Je signale qu'il était prévu qu'on lui
verse 15 000 dollars (7,5 millions Cfa) à la signature, 30 000 dollars à
mi-parcours de la préparation et le reste, 5000 dollars (2,5 millions Cfa), une
fois en Angola. Nous avions l'accord du ministère. Sam Vincent devait venir avec
un coach assistant, un prÈparateur physique et un spécialiste de vidéo
projection. C'est tout ce monde qui valait 50 000 dollars (25 millions francs
Cfa). Selon les informations qui me sont parvenues, le ministère des Sports
n'aurait pas versé de l'argent à Sam Vincent. Mais, aujourd'hui, après recul, il
est heureux qu'il en soit ainsi. Parce que, si on lui avait versé de l'argent,
on serait dans une situation délicate. C'est vrai qu'aucune des parties n'a
respecté ses engagements. Néanmoins, rien n'empêchait Sam Vincent de venir.
D'autant qu'il y avait une caution morale entre lui et Gallo Fall."
"Rien ne nous liait aux collaborateurs de Sam Vincent"
"La question (des collaborateurs de Sam
Vincent) nous a beaucoup préoccupés. Car les collaborateurs de Sam Vincent ont
travaillé avec l'équipe du Sénégal pendant la préparation et la Can. Mais nous
n'avions aucun contrat avec ces gens. Ce que nous savons, c'est que Coleman
Crawford (coach principal des "Lions" toute la Can, ndlr) avait conclu un accord
avec Sam Vincent, non avec nous. Les autres membres du groupe n'étaient liÈs ni
à Sam ni à la fédé. Ils étaient là dans le cadre d'un deal avec le club de
Dallas Mavericks."
"Certains joueurs ne seront plus convoqués en sélection"
"Nous allons prendre nos responsabilités
sur le cas des joueurs non disponibles pour l'équipe nationale. En tout cas, il
y a des joueurs sur lesquels, selon moi, il faut faire une croix. Car on ne peut
plus compter sur eux. Je ne vais pas citer des noms. Nous nous connaissons très
bien. On sait avec qui nous avons parlé. Ceux qui avaient donné leur accord. Et
líon connaît les contraintes des uns et des autres. Ainsi, nous dirons à la
direction technique de prendre des mesures pour que certains joueurs ne soient
plus convoqués. Nous avons identifié ses joueurs. Comme à l'époque, nous avions
fiché des joueurs qui, pour indiscipline, ne seront plus appelés. La fédération
est libre de prendre cette décision. S'il y a des joueurs qui, pour des raisons
diverses, ne peuvent pas venir, qu'ils aient l'honnêteté de le dire. Car on ne
peut pas comprendre qu'un joueur participe à un camp de préparation et qu'au
dernier moment, il lâche le groupe sans donner d'explication. C'est ça qui est
révoltant."
"Gallo Fall n'était pas obligé d'être sur place"
"Amadou Gallo Fall n'était pas obligé
d'être à Lubango. Il n'est ni un joueur ni un entraîneur encore moins le
président de la fédération. Il est manager général, donc il n'était pas tenu
d'être présent à l'ensemble des matches du Sénégal. Aucune disposition de sa
feuille de route ne prévoit sa présence au sein de l'équipe nationale.
Maintenant, c'est une vue de l'esprit que de penser qu'il devait jouer le rôle
de Dtn. C'est loin d'être le cas. Sa position aux Etats-Unis et ses relations en
Europe lui permettaient de détecter des joueurs et de donner un avis à la
direction technique nationale. Gallo n'est pas Dtn bis ni super Dtn. Comme il
n'y a pas eu d'ambiguïté par rapport à l'absence du directeur technique national
titulaire qui se trouve être Magatte Diop. Sa non-présence n'avait rien à voir
dans l'imbroglio qu'il y avait dans le banc du Sénégal."
"Des failles dans le coaching"
"Nous savons que le programme a été conçu avec les techniciens sénégalais, en l'occurrence Tapha Gaye et Cheikhou Diouf. Et c'est ce programme qui a été appliqué lors de la préparation. Au niveau du coaching durant la compétition, il est Èvident qu'il y avait des failles. Maintenant, l'évaluation technique nous permettra de situer les responsabilitÈs. Car force est de constater qu'on ne semblait pas parler le même langage et qu'il n'y avait pas d'osmose sur le banc du Sénégal. A ce propos, j'avais réuni les techniciens pour leur demander de faire bloc autour de l'essentiel. Cependant, quant à dire qui a coaché et qui devait coacher, nous attendons les rapports."
Propos rassemblés par
Alexis DACOSTA