Vous venez de battre
successivement Mondeville et Aix à deux reprises. Villeneuve est donc en pleine
forme ?
Nous sommes bien en ce moment c'est vrai. Nous avons battu jusqu'alors de très
bonnes équipes (Montpellier, Valenciennes, Mondeville et Aix) et perdu de deux
petits points à Bourges. Notre parcours actuel conforte notre progression depuis
deux ans. Je ne suis pas spécialement surpris, c'est dans la logique des choses.
Ce n'était pas programmé dans l'absolu, mais on peut avoir confiance en nos
possibilités. Notre équipe a la volonté d'aller loin, la forte conviction dans
notre projet de jeu avec la totale adhésion des joueuses. Notre présence à ce
niveau n'est pas un hasard, mais nous voulons encore grandir.
"Une petite boutique bien achalandée"
Vous abordez
une semaine importante avec Bourges et Valenciennes au programme. Comment
mesurez vous les chances villeneuvoises
Nous n'avons pas le vécu, l'histoire de ces deux grosses écuries et il nous
reste beaucoup de choses à prouver par rapport à eux. Nous nous inspirons d'eux
pour les égaler et les dépasser à l'avenir. Sportivement, nos chances sont
réelles dans un championnat relevé avec beaucoup d'équipes compétitives. Nous
pouvons jouer les yeux dans les yeux, avec sérénité et confiance, en produisant
le même basket. Nous affichons la meilleure attaque du championnat, mais aussi
la première à l'évaluation, la première aux passes décisives et la troisième
équipe avec le moins de balles perdues. Chaque joueuse est capable d'apporter au
collectif dans la lignée de la philosophie de jeu basée sur le partage du
ballon, l'altruisme dans tous les secteurs du jeu. Notre petite boutique est
bien achalandée, nous méritons le respect.
A
l'intersaison, vous avez misé sur Géraldine Robert qui explose actuellement.
Vous êtes content de votre choix ?
Je suis comblé et véritablement heureux aussi bien sur le plan sportif
qu'humain. Elle s'adapte à merveille à l'ensemble. Malgré tout ce qu'on m'en a
dit, elle réussit à être performante en un temps de jeu moindre qu'à Strasbourg
en poste 3 et 4. Elle apprend bien et progresse beaucoup. Ses qualités de
course, de rebond et son agressivité sont précieuses. Aussi ma satisfaction
n'est pas trop forte, son enthousiasme débordant est communicatif.
"Gégé" Robert, un enthousiasme fantastique
Aujourd'hui quelle est la force de l'ESBVA-LM ?
Tout d'abord notre âme, nos valeurs. L'équipe est dynamique, confiante mais
aussi humble et sait se remettre en question. On juge souvent au vécu, à
l'histoire et l'expérience d'une équipe. Nous avons bâti en fonction des lacunes
physiques constatées lors des saisons précédentes. Nous avons misé sur des
joueuses de grande taille ou athlétique pour grandir le collectif à l'aile (Sacko
et Robert) et dans la raquette (Drljaca, Brown et Marcauskaité). Les postes 3/4
sont polyvalents et donc capables de sortir et écarter le jeu. Les extérieures
ne sont pas en reste avec Kathy Wambé qui fait jouer l'équipe mais peut aussi
marquer, mais aussi Bintou Diémé et notre capitaine Fombonne.
Pensez vous
que Villeneuve d'Ascq peut atteindre l'Euroligue ?
Oui (sans hésitation)... Tous les jours, nous oeuvrons pour ça. Si sportivement
ça marche, j'espère que l'environnement suivra car un grand club ne se mesure
pas strictement à l'aspect sportif. J'ai vécu l'Euroligue à deux reprises avec
Aix. La première saison, c'était difficile. La seconde, nous avons accédé aux
quarts de finale avec des joueuses d'expérience et de meilleurs moyens.
Maintenant il ne faut pas oublier que l'ESBVA-LM est un club en construction,
avec un public présent et un fort lien social. Pour cela, il nous faudra miser
sur la stabilité en gardant nos joueuses.
Sénégal : une blessure profonde
Ce vendredi,
la Chambre d'appel de la Fédération va statuer sur votre dossier. Qu'en pensez
vous ?
J'attends la décision avec beaucoup de sérénité et de sagesse. Voilà 30 ans que
j'exerce à haut niveau en tant que joueur ou entraîneur, mon attitude morale et
professionnelle n'a jamais été remise en question, ça me conforte dans ma
conception du sport, mes valeurs humaines. Je regrette évidemment ce qui s'est
passé et j'ai été surpris par le décalage de la décision initiale par rapport au
geste rapporté [NDLR: 7 mois de suspension dont un mois ferme]. Depuis les
faits, je me suis expliqué avec Monsieur Bissang et tout va bien entre nous.
Dans le cadre passionnel où nous exerçons, ces choses peuvent arriver mais
certains écrits m'ont blessé. J'espère qu'en appel, les juges ne feront pas de
moi l'exemple que je ne suis pas. Aussi j'en appelle au bon sens de la chambre
d'appel mais je lui fais confiance.
Comment as
tu vécu ton éviction de la sélection sénégalaise l'été dernier ?
Avec beaucoup de difficultés, je dois dire. J'en ai beaucoup souffert déjà
physiquement avec l'opération et la rééducation mais aussi moralement. Il ne
s'agit pas d'une souffrance personnelle mais plutôt en rapport avec le Sénégal,
pays pour lequel j'étais engagé avec les instances françaises dans un fort
projet de collaboration. Le Sénégal a été la risée du monde du basket et ça m'a
blessé. Encore une fois, ce n'est pas le regard que je veux voir porter sur mon
pays de naissance. Je crois et j'ai toujours cru en l'échange entre les deux
cultures, française et sénégalaise. Le projet ne se poursuit pas, ça m'attriste.
Je ne veux pas pour autant renier mes origines. Les choses se tasseront à
l'avenir. J'espère que le Sénégal pourra monter une bonne équipe pour avoir des
résultats dans le futur. La meurtrissure a été profonde, c'est pourquoi
j'emploie aujourd'hui toute mon énergie et mes compétences à Villeneuve d'Ascq.
Propos recueillis le vendredi 19 janvier 2007 par Yann Kappes.