Pouvez-vous nous parler de l’état de votre genou (rupture du
tendon rotulien) ?
Cela progresse bien. Dieu merci, je commence à marcher avec
des béquilles. La rééducation va passer à une étape supérieure,
aujourd’hui je suis autorisé à fléchir 90°. Et pense qu’on va
aller plus loin avec la musculation. J’ai été interné pendant
huit semaines et là, je pars pour la rééducation dans la
journée.
La date du 31 juillet prochain avait été annoncée comme
date probable de votre retour sur le banc, qu’en est-il
maintenant ?
C’est uniquement le 31 juin que j’ai transmis à la Fédération
et au ministère des Sports un certificat médical stipulant ma
blessure ainsi que les comptes rendus de mon opération qui a eu
lieu le 8 juin. Je les ai mis au courant de ma blessure. J’ai eu
la visite de Ado Sano, Directeur technique national à la
clinique qui a bien constaté l’état de ma blessure. Et il était
convenu ensemble qu’à la fin du mois de juillet, je ferais le
point avec eux pour pouvoir venir et terminer la préparation
avec l’Equipe nationale pour aller au championnat du monde.
Mais le ministre des Sports vient de vous limoger (Ndlr :
l’annonce a été faite en fin de semaine dernière) en résiliant
votre contrat.
Je crois que tout le monde a compris que c’est un limogeage.
Il (Daouda Faye, ministre des Sports) a bien dit dans les
journaux qu’il a décidé de résilier mon contrat, pendant mon
indisponibilité du fait de ma blessure. Je prends acte de ce
limogeage puisque c’est lui qui a parlé. Maintenant, j’attends
la notification pour aviser de ce que je vais faire.
Alors, vous n’êtes plus l’entraîneur des Lions du Sénégal
?
C’est ce que le ministre a décidé !
Mais vous avez un sentiment sur cette affaire, sur la
manière,…
C’est un sentiment de frustration, d’indignation,
d’exaspération, de blessure profonde. Car la courtoisie
élémentaire veut que quand on licencie quelqu’un qu’on le mette
au courant. En toute modestie et en toute humilité, je ne mérite
pas ce traitement. D’autant que j’ai voulu répondre à l’appel du
président de la République (Me Abdoulaye Wade) qui demandait à
ce que les compétences extérieures viennent contribuer, chacun
dans son domaine, au développement du Sénégal.
Honnêtement cette manière peu élégante, c’est à décourager
les bonnes volontés. Je vous assure, au départ je n’y croyais
pas, je me suis dit que c’est un cauchemar ou peut-être une
blague. Mais, je me réjouis de voir la réaction des Sénégalais à
mon égard à travers la presse. Et les nombreux messages de
soutien que je reçois me touchent et me réconfortent dans l’idée
que la manière a été cavalière. Et je déplore cela de manière
vigoureuse. Malgré tout, je n’ai pas regretté d’être revenu au
Sénégal. Car, c’était quelque chose qui était ancré en moi
depuis bien longtemps. Avoir été à la tête de l’Equipe était une
fierté.
On dit que dans l’esprit du ministre, il s’agit de faire
une pause afin de renégocier votre contrat qui vous permettait
d’empocher chaque mois un salaire de 5 millions alors que vous
n’avez pas respecté certaines clauses à savoir les cliniques
etc.
D’abord, c’est faux, je n’ai jamais reçu de salaire mensuel.
Et je défie quiconque, parce que de fausses informations ont été
dites dans les journaux et cela porte même atteinte à mon
intégrité. Jamais, le Sénégal ne m’a payé par mois. Le contrat
stipulait que mon premier salaire devait être le 30 mai 2005 et
maintenant puisque tout le monde en parle, j’autorise à publier
la clause de mon contrat qui stipule que le paiement de mon
salaire devait être programmé tous les six mois.
J’autorise le ministère à publier les clauses de mon contrat
qui stipule que tous les 6 mois, je devais être payé par le
ministère du Budget, c’est faux. C’est archi-faux ! Je vais dire
aux Sénégalais que quand je suis parti au championnat africain,
en août 2004, cela faisait 4 mois que je n’étais pas payé et je
n’ai jamais fait état de cela. Pendant le championnat, j’ai même
eu à discuter avec le Premier ministre de cela. Il m’avait dit
qu’il était au courant des retards de salaire, je lui ai
(répondu) que ma motivation reste intacte, que pour l’instant je
n’en tiens pas compte et que j’avais confiance en l’Etat
sénégalais. Huit mois après le championnat africain, je n’ai
jamais été payé encore. Donc, j’ai eu mon premier versement en
novembre 2005, et là avec tous les rappels depuis avril 2005. Et
depuis novembre 2005, rien.
Le montant de vote salaire, c’est 5 millions ou non ?
Ce n’est pas cela le plus important. Le plus important c’est
ce qui a été dit dans les journaux de manière fallacieuse. C’est
ce que je veux dénoncer. Que je touche 5 millions, 10 millions
ou 20 millions, je le touche parce que je l’ai signé. Un
contrat, c’est un contrat. Et dans tout contrat, il peut y avoir
des dysfonctionnements ou des points à améliorer. Si
aujourd’hui, le ministre dit que c’est pour renégocier le
contrat, pourquoi alors tout ce déballage ? Pourquoi avoir lancé
cette bombe à un mois des championnats du monde ? Pourquoi
profiter de mon indisponibilité, parce j’ai une blessure au
genou, pour parer au plus pressé et chercher un autre coach ?
Peut-être qu’il a un coach avant d’annoncer cela (la résiliation
du contrat). Pourquoi cela, ma blessure savez-vous dans quel
cadre je l’ai eue ? (Il fait une pause).
C’était dans le cadre de votre jubilé…
(Il coupe) Le jubilé, il était fait pourquoi ?
On vous laisse le soin de nous l’expliquez ?
Le jubilé ! (Rire amer), il a été fait pour aider le Sénégal.
Le ministre des Sports était invité pour assister à ce jubilé.
Le président de la Fédération (Alioune Badara Diagne) était
présent à ce jubilé. Il a reçu un chèque de 300 ballons (taille
6). Comment faire aujourd’hui, qu’est-ce que je dois dire à
cette association qui s’est créée pour aider la sélection et le
basket sénégalais ?
Est-ce à dire que vous allez attaquer l’Etat du Sénégal
par le biais du ministère des Sports pour le préjudice subi ?
J’attends la notification de rupture de contrat pour savoir
quelle suite donner à cette affaire !
Mais le ministre dit que vous n’avez pas respecté
certaines clauses du contrat comme les cliniques ou autre que
vous deviez animer au Sénégal ?
Là je crois qu’il faut demander à Ado Sano, le directeur
technique, avec qui, j’ai eu des séances de discussions par
rapport à cela. Il y a des cliniques qui ont été programmées et
qui devaient se faire au mois de juin, mais elles avaient été
annulées. En effet, après mon jubilé, je devais venir au Sénégal
le 2 juin avec mes propres moyens pour voir les joueurs locaux
dans le cadre de la sélection nationale puisqu’on n’avait pas
encore fait la sélection définitive.
En même temps je devais parler aux entraîneurs locaux et aux
membres de la direction technique (…) Finalement, j’ai été
blessé. Dieu l’a voulu ainsi. Maintenant, demandez à Ado Sano,
c’est lui qui peut dire si on a travaillé en collaboration. On a
collaboré au téléphone et par des mails. A ce niveau-là, on n’a
pas grand-chose à me reprocher.
Quelle a été la réaction des joueurs et de la direction
technique suite à votre limogeage ?
Chacun d’entre nous a sa perception des choses, par rapport à
ce qu’on a fait ensemble. Ils peuvent porter des jugements, des
appréciations. C’est leur responsabilité par rapport à ce qu’ils
veulent faire. Ils (les joueurs) vivent des choses, ils savent
ce qu’on a fait ensemble. Sur le terrain, ce sont des joueurs
qui avaient épousé une certaine vision par rapport au projet
qu’on avait mis en place pour le Sénégal et pour mettre le
basket en marche, pour y contribuer. Quoi qu’on dise, notre
objectif était de répondre à l’appel du président de la
République par un engagement citoyen. Ils étaient dans le même
cas que moi, la majeure partie de l’équipe est constituée de
joueurs qui sont des professionnels qui jouent à l’extérieur.
Donc, je me suis dit qu’ils ne seraient pas insensibles à ce
genre de discours. On a tous voulu avoir une conduite par
rapport à cela. Aujourd’hui, ils sont tous déçus et je crois que
c’est compréhensible.
Si, demain, le Sénégal vous propose un autre contrat,
quelle sera votre réaction ?
Tout le monde sait l’attachement et intérêt que je porte au
basket et mon amour pour le Sénégal. Et je crois aussi que tout
le monde a vécu ces derniers temps avec une profonde
frustration. En même temps, je me dis si le ministre avait la
volonté réelle de renégocier mon contrat, de discuter un contrat
quand bien même qu’on ne discute pas comme cela un contrat. On
ne se lève pas un beau jour pour se dire que je résilie le
contrat qui a été négocié par mon prédécesseur en accord avec le
Premier ministre. Vous savez le contrat que j’ai a été approuvé
par le Premier ministre. Il ne faut se lever comme cela et dire
que , aujourd’hui, le coach de basket a une tête qui ne nous
plait pas, ce n’est pas comme cela !
Ensuite, il y a la manière de le faire, il faut voir
l’intéressé. Il (Daouda Faye) aurait dû venir me dire, voilà,
nous avons noté tel et tel dysfonctionnement dans votre contrat,
voilà les points sur lesquels nous sommes satisfaits et d’autres
où nous ne sommes pas satisfaits. Voilà les points sur lesquels,
nous aimerions qu’il y ait d’autres actions. En gros, il faut
avoir un esprit de coopération. De coopération et pas de
destruction comme il l’a fait. Ce qui est grave et c’est cela le
problème, il ne faut pas dire, je résilie ton contrat, mais, la
porte reste ouverte, si vous voulez renégocier en portant
atteinte à l’intégrité morale de la personne et lui dire
ensuite, revenez…