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Ass Gaye : Pourquoi j'ai accepté de partir

Ass Gaye a effectué avant-hier son dernier ‘lancer franc’. Après s’être concerté avec sa famille, l'ex-président de la Fédération sénégalaise de basket-ball avait juré de ne plus se confier à la presse. Mais hier, il a accepté de se livrer à nous à cœur ouvert. Et, dans l’entretien qu’il nous a accordé, il explique pourquoi il a fini par accepter sa défaite, non sans revenir sur la manière dont il a été débarqué de la fédération. L'ex-patron du basket sénégalais révèle aussi comment sa famille a souffert de la situation.




Wal Fadjri : Vous aviez brièvement abordé vos réalisations lors de la passation de service. Pouvez-vous y revenir plus amplement ?

Ass Gaye : Vous avez raison, nous l’avons abordé, mais d’une manière très brève. Mais il est important de rappeler ce que nous avons eu à faire durant notre magistère. Il faut reconnaître que nous avons un bilan positif. Pour ce faire, il faut revenir sur l’état des lieux quand nous prenions les rênes de la fédération. Cela été difficile, mais on s’est mis à la tâche pour la reconstruction du basket. Il fallait, de ce point de vue, prendre en compte la réforme des textes. Ainsi, nous avons mis en place une commission qui s’est occupée de la réforme. Et elle a pu sortir les nouveaux textes de la fédération que nous n’avons malheureusement pas adoptés à cause d’une incompréhension avec la tutelle. On devait aller en assemblée générale extraordinaire qui nous aurait permis d’évaluer ces textes. La suite, tout le monde la connaît et ce n’est pas la peine d’y revenir. Peut-être que ça va se faire avec la nouvelle équipe. On attend la date qui sera fixée par le président pour qu’ensemble, on puisse aller en assemblée générale extraordinaire.

Sur le plan administratif, nous avons procédé à la formation des arbitres, des officielles de tables et des entraîneurs. Ainsi, soixante-quinze coaches ont pu avoir leur premier et second degré et il ne reste qu’à organiser avec le nouveau président, la cérémonie pour leur remettre leurs diplômes de manière officielle. Nous avons organisé le niveau 1 et 2 de la Fiba. Et dix ont réussi au premier nommé et six au second. Il y a aussi le directeur technique Ousseynou Ndiaga Diop qui a réussi au grade d’instructeur. Un a réussi au grade de commissaire Fiba, un au grade de commissaire zone et dix au plan national. Ce sont ces derniers qui sont chargés de superviser les compétitions nationales.

Dans le cadre des compétitions, nous avons participé à l'Afrobasket 2009 avec les garçons. Malheureusement, nous n'avons pas remporté la coupe, mais on a réussi à amener les expatriés qui avaient tourné le dos à l'équipe nationale. C'est l'occasion de les remercier parce qu'ils ont payé leur billet pour retrouver la ‘tanière’. Il y avait aussi le coach Abdourahmane Ndiaye ‘Adidas’ qui nous a fait l'honneur de conduire la troupe. Du côté des filles, tout le monde sait que ce qui s'est passé. On est allé reprendre notre coupe à Madagascar. Nous avons réussi à remporter le titre continental avec un parcours sans faute. Ce qui nous a permis de décrocher notre ticket pour le prochain Mondial qui se tiendra en République Tchèque en septembre et octobre prochain.

Sur le plan financier on a décroché des contrats de sponsoring avec Nike, Elton, Socabeg, la Solidarité olympique par le biais du Comité national olympique. Et en terme de chiffre, cela fait 115 millions de nos francs pour l'exercice 2010. Il faut aussi préciser que les chiffres varient en fonction des années.

Au niveau du championnat national, en 20008-2009, nous avons pu réaliser un championnat en aller retour où nous avons dépensé plus de 80 millions de francs Cfa. Nous avons aussi redémarré la petite catégorie au niveau des juniors en mettant en place la coupe du Sénégal. Ici, nous avons réussi à décanter la situation puisque cette petite catégorie est restée pendant des saisons sans compétition.

Wal Fadjri : Vous avez légué au nouveau président de la fédération une dette de 97 millions de nos francs. Comment cela s’explique-t-il ?


Ass Gaye : C’est depuis l’avènement de mon prédécesseur Alioune Badara Diagne qui l’a, lui aussi, hérité en partie après le départ de Dibocor Sène. Quand on faisait la passation de service, il m’avait transmis une dette de 120 millions de francs Cfa. Ce que nous avons pu corriger, en réglant notamment une partie des 75 mille dollars qu’on devait à la Fiba. Dans le cadre de l’organisation des compétitions de 2007 qui s’est tenue à Dakar, on devait de 200 mille dollars à la Fiba. Heureusement ce montant a été vu à la baisse et c’est passé de 200 à 75 mille dollars. Aujourd’hui, nous avons réglé de manière définitive ce volet. D’ailleurs, les dettes doivent normalement tourner autour de 65 à 70 millions. Parce que si la facture de l’hôtel de l’Indépendance a été réglée par la primature, cela veut dire sur les 93 millions qui sont restés, il faudra nécessairement enlever le montant qu’on devait à l’hôtel Indépendance. C’était dans le cadre des championnats d’Afrique des espoirs organisés à Dakar sous le magistère de Dibocor Sène. Il y a aussi le fait que d’autres personnes prêtaient de l’argent à la fédération. Et c’est comme ça que j’ai hérité de mon prédécesseur les 120 millions de dettes.

Wal Fadjri : A votre arrivée, combien aviez-vous trouvé dans les caisses de la fédération ?

Ass Gaye
: C’est la dernière partie de l’argent que le sponsor Nike nous avait envoyé. Cela devait tourner autour de 7 à 8 millions de nos francs. Et c’est avec cet argent que nous avons réglé quelques problèmes avant de chercher d’autres moyens pour organiser un championnat en aller et retour en garçons comme en filles en D1 et D2.

Wal Fadjri : Pourquoi ne reste-t-il que 97 mille francs dans les caisses ?

Ass Gaye
: Mais c’est normal ! C’est normal…

Wal Fadjri : Vous aviez promis, au soir de votre défaite, de déposer des recours auprès de la Fiba Afrique et Monde pour dénoncer la manière dont les textes ont été violés. Où en êtes-vous avec votre plainte ?

Ass Gaye :
Je ne veux pas en parler et je vous le répète encore une fois. Quand vous m’avez appelé hier (avant-hier, Ndlr) pour caler l’entretien, je vous ai dit que je n’aborderai pas cette question. Mais je tiens à dire que nous nous sommes réunis entre élus et cooptés. Nous avons réfléchi sur la question et nous nous sommes dit que personne ne peut gagner dans ce combat. Parce que si le Sénégal est suspendu des compétitions internationales, si on retire au Sénégal la bourse d’équipe et si on le sanctionne sur le plan financier, c’est tout le monde qui en sera responsable et qui perd. C’est pourquoi nous avons voulu attirer l’attention de tout le monde sur ce dysfonctionnement et sur la violation de la réglementation. Et ne pas transmettre cette saisine au niveau des instances internationales. Parce que cela n’arrangerait pas le Sénégal.

Wal Fadjri : Quelles sont maintenant vos perspectives ?

Ass Gaye :
J'ai toujours travaillé dans le cadre de la reconstruction du basket-ball. Parce que c'est un travail qui a été démarré et que je devais continuer. Je pense que mon successeur va continuer la relève pour que le basket se joue partout au Sénégal.

Wal Fadjri : Durant votre mandant, quelles ont été les difficultés rencontrées ?

Ass Gaye :
C'était le fait d'avoir une manne financière à temps. Parfois, c'était l'argent qui faisait défaut et on le recevait tardivement. On ne pouvait pas attendre, il fallait fonctionner. Et quand on prend en ligne de compte que toutes les semaines, on a un déficit criard au niveau des recettes et cela varie de 700 à 1 million 300 francs. Ce qui fait que durant toute la semaine, on n’arrivait pas avoir des recettes. Malgré cela, nous avons résisté et c'est ce qui nous a permis de mettre en place une commission de recherche de moyens.

Wal Fadjri : Quelle a été votre plus grande satisfaction ?

Ass Gaye
: C'est d'avoir au moins accompli le championnat national en aller et retour et à temps en 2008-2009. Pour 2010, on a commencé et on verra la suite. Toutefois, il y a la violence qui s'y invite, mais il faudrait que les gens aient un esprit de dépassement pour que le basket puisse triompher. La violence n'arrange personne et ça ne fait que reculer notre basket.

Il y a aussi le fait d'avoir repris le titre continental avec les filles. Je crois qu'en 2009, on a fait plaisir à tout le peuple sénégalais. Toute la famille de la balle orange en a profité. Maintenant, nous avons le championnat du monde devant nous. Il faudrait que le chef de l'Etat lance un appel pour qu'on puisse accompagner normalement l'équipe nationale féminine.

Autre chose qui m'a aussi fait plaisir, c'est la promesse du chef de l'Etat de mettre en place un grand stadium de basket-ball. Cela nous permettra d'avoir un bijou pour accueillir des compétitions de haut niveau. Les gens savent bel et bien ce qui a été fait sous mon magistère. Et l'histoire retiendra beaucoup de choses sous l'ère Ass Gaye.

Wal Fadjri : La nouvelle équipe pourra-t-elle continuer ce travail...

Ass Gaye
: Je lui fais confiance et je pense qu'ils pourront continuer ce travail. Nous sommes dans un même environnement, nous sommes une famille. Donc il n'y a pas une seule raison qui puisse faire coincer les choses.

Wal Fadjri : Mais, qu'est-ce qu'on vous reproche pour vous débarquer aussi cavalièrement ?

Ass Gaye
: Je laisse les Sénégalais réfléchir sur la question. Pour l'instant, je n'ai pas de reproche à me faire. Je travaillais avec une équipe et nous avons réussi l'objectif qui nous avait été assigné. Il fallait reconquérir les titres et partir à la reconstruction. Maintenant, le fruit de cette reconstruction commence à être apprécié. Et je félicite tout le monde.

Wal Fadjri : Entre le ministère de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs et le mouvement associatif, lequel vous a le plus posé de problèmes ?

Ass Gaye
: Je préfère ne pas en parler. Dieu est le seul juge, nous verrons demain...

Wal Fadjri : Mais à la veille des élections, les échos qui provenaient de la tutelle n'ont pas plaidé en votre faveur...

Ass Gaye
: Ce n'est pas grave parce que ceux qui font le basket sont dans le mouvement associatif. On est délégataire de pouvoir. Maintenant, si la tutelle joue autrement.... Je préfère pour l'instant ne plus en parler.

Wal Fadjri : Quand avez-vous commencé à sentir les manœuvres visant à vous débarquer ?

Ass Gaye
: Cela fait un mois et demi que nous l'avons senti. On a essayé d'en parler entre nous. Ensuite, nous sommes allés voir le Comité national olympique pour lui faire part de la situation. Et ce dernier nous a demandé d'accomplir normalement notre mission et de ne pas se pencher sur ces questions.

Wal Fadjri : Ne vous est-il jamais arrivé de vouloir démissionner au plus fort de la tourmente ?

Ass Gaye
: J'étais très déçu, mais je préférais ne pas en parler parce que ce qui m'intéressait le plus, c'était de travailler normalement. Et je sais que nous avons bien travaillé.

Wal Fadjri : Pourquoi vous êtes-vous présenté à l'élection ?

Ass Gaye
: C'est normal parce que j'avais entamé un travail dans le basket. J'étais un candidat naturel à ma propre succession et j'avais un bilan positif. Donc je ne vois pas pourquoi on n'a pas validé la liste de mes cooptés. Le pourquoi, il faudra le poser au ministre.

Wal Fadjri : Mais le ministre s'est basé sur l'article 12 des textes de la fédération...

Ass Gaye
: (Il coupe) S'il s'était basé sur cet article, il allait accepter mes cooptés. Parce que cet article dit que c'est le président de la fédération qui doit proposer une liste au ministre qui a la latitude d'accepter ou de refuser. Par contre, il n'a pas le droit de choisir à ma place. C'est ce que je refuse et que je refuserai en me fondant sur les articles 4 et 12 et le décret 76 040 qui répète la même chose. Et le décret ne prend même pas en compte la cooptation. Il y a aussi le mouvement associatif qui s'est peut être basé sur certaines considérations que je ne veux pas citer.

Wal Fadjri : Ils vous ont trahi ?

Ass Gaye
: Non pas du tout ! Chacun a sa conscience et chacun dit ce qu'il pense. En toute conscience, s'ils ont pris la décision de ne pas voter pour moi, ce n'est pas grave. Quand on prenait les rênes, je n'étais pas demandeur. On m'avait invité à venir prendre la présidence avec toutes les difficultés qu'il y avait à l'époque.

Wal Fadjri : Comment avez-vous vécu toute cette pression au sein de votre famille ?

Ass Gaye
: Ma famille a beaucoup souffert de ce qui s’est passé. Parce que je n’étais pas toujours présent à la maison. J’étais trop submergé par rapport aux besoins de la fédération. C’est le moment de les remercier pour leur compréhension et tous mes amis qui sont restés des moments sans me voir.

Wal Fadjri : Quel est votre avenir dans le milieu du basket ?

Ass Gaye
: Je suis dans le basket depuis 1965. Je continuerai toujours à servir ma ville et mon pays. J’ai eu à travailler avec des gens qui ont eu confiance en moi et qui m’ont délégué pour les représenter au niveau de l’institution régionale. A partir de là-bas, il y a eu des élections et j’ai été envoyé à la Fédération sénégalaise de basket-ball. Maintenant, si la nouvelle équipe a besoin de mes services, je reste à sa disposition pour l’intérêt du basket de mon pays.

source: walf,Propos recueillis par Papa Bakary KAMARA

Article rédigé par Guelwaar Dione le Jeudi 6 Mai 2010


Guelwaar Dione

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