Pourtant dans la logorrhée de paroles entendues ici et là chez les techniciens du 20-ème CAN de basket-ball, il y en avait certaines comme celles prononcées par l'entraîneur malien et son adjoint que les Sénégalais devaient prendre au sérieux. En effet, à l'analyse de la défaite du Sénégal, on se rend compte en les relisant qu'elles portaient les signes annonciateurs du piège que tendraient les Aigles aux Lionnes, en cas de retrouvailles.
Au lendemain du match de poule remporté 48-37 par les co-équipières de Aya Traoré, Cheikh Oumar Cissokho confiait ceci au reporter de l'APS : ''l'objectif était de venir voir le Sénégal, voir ce qu'il peut développer comme jeu''. Puis, ''Yankee'' -- c'est son surnom -- d'ajouter sur un ton sentencieux : ''nous n'avons pas dit notre dernier mot face à cette équipe du Sénégal qui est très prenable et on le prouvera quand on se retrouvera en finale''.
Tout à l'euphorie de la cinquième victoire de rang des Lionnes qui, plus est, était obtenue sur un adversaire considéré comme l'un des principaux prétendants à la couronne continentale, les Sénégalaises et leur staff technique ont prêté une oreille distraite à de telles déclarations, vite rangées dans la catégorie de celles d'un perdant qui cherche à justicier son échec.
Il est vrai que les Lionnes, après un début timide face à des petits poucets comme la Côte d'Ivoire et la Tunisie, commençaient à carburer, laissant aux vestiaires leur côté quelconque pour se mettre enfin dans la peau de favorites du tournoi.
Seul à ce stade de la compétition, le staff malien y croyait, et pour cause la voix d'un perdant est toujours ravalée aux oubliettes fût-elle d'une grande sagesse.
C'est cet amer regret qu'ont ressenti certains Sénégalais en attendant au coup de gong de la finale, l'entraîneur malien, José Ruis --sa voix rauque de rocker et sa silhouette invariablement attifée d'une chemise courtes manches et d'un pantalon lui donnent de faux airs du chanteur Garou--, lancer à peu prés ceci au micro de la RTS : ''nous avons gagné le match qu'il ne fallait pas perdre''.
Dans la suite logique de son adjoint, il faisait le parallèle entre le match de groupe remporté par les Lionnes et celui gagné par ses protégées, c'est-à-dire la finale. Tout cela pour dire en langage diplomatique que les Lionnes et leur staff se sont trompés de match sur toute la ligne.
Prendre l'ombre pour la proie, c'est la triste moralité à tirer du tournoi joué par les Lionnes sur le rythme d'une valse à trois temps : un début poussif, un intermède de feu et une fin sur les rotules.