Bonjour Alfred, peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Aboya Baliaba Alfred Roland, je suis né le 2 janvier 1985 à Yaoundé et je joue pour l’équipe universitaire des Bruins de UCLA aux Etats-Unis.
Comment a commencé ta carrière de basketteur ?
En 1998, j’ai joué à Yaoundé au Cameroun pour Scorpion, Vision Optique et Florent
Comment t’es tu retrouvé aux USA ?
En septembre 2003. Mais pour arriver ici, cela a été le parcours du combattant. A l’époque je jouais pour l’équipe de Florent qui était coaché par Pepso (ndlr : Pepouna Souleyman). Ensuite, j’ai été mis en contact avec Pat Washington, un coach américain qui vit au Texas. Il m’a ensuite trouvé une prep school à New Hampshire. J’ai envoyé toute la documentation nécessaire comme les bulletins scolaires et autres, afin d’être éligible. C’est ainsi que j’ai décollé du Cameroun pour arriver au New Hampshire.
Comment s’est passée la transition de Yaoundé au New Hampshire ?
D’abord, j’ai dû m’adapter au froid, ce qui n’est pas évident (sourire). A New Hampshire, j’ai eu deux très bonnes années. La première saison, on a gagné le championnat, et la 2ème saison, nous avons été finalistes et c’est comme cela que j’ai pu décrocher une bourse à UCLA.
UCLA était la seule université sur les rangs?
Non. Au départ, je voulais aller à Georgetown, car les Joe Touomou, Ruben Boumtje-Boumtje et consorts sont allés là-bas. Quand j’ai appris le limogeage du coach Scott Willard, j’ai dû changer de décision et reconsidérer mes options. C’est ainsi que les UCLA, Virginia et pleins d’autres collèges se sont présentés. J’en ai visité quelques uns et j’ai finalement opté pour UCLA.
Depuis le Cameroun, tu suivais déjà la NCAA ?
Non, à l’époque on n’avait pas le câble. La télé a commencé à diffuser des vieux matches de Michael Jordan, c’est comme cela que j’ai commencé à tomber amoureux de ce sport.
Donc en l’espace de 3 ans, tu passes de l’anonymat complet à une finale NCAA, comment as tu vécu tout ça ?
Il n’y a pas beaucoup de changement, c’est le même basket. C’est vrai qu’il y a plus de show autour, mais c’est toujours toi et tes 4 co-équipiers contre 5 autres gars. Le principe est le même, la base est la même. Quand tu viens sur le terrain c’est pour gagner.
Comment as tu vécu cette défaite contre les Gators ?
Pleins de journalistes prédisaient que nous serions sortis dès le 1er ou le 2ème tour. On a dû mettre la barre très haute pour traverser les étapes. Cependant, nous avions fait une très belle demi-finale.
Les Gators vous ont-ils surpris ?
Non. On n’a pas fait un bon match, c’est un de ces jours ou rien ne marche pour l’équipe. C’est ce qui s’est passé, pourtant nous avons tout tenté.
Ton avis sur Joakim Noah ?
Il a été très impressionnant, il a fait une bonne saison, une bonne finale, il méritait ce titre
Connais-tu le Kossengwe* Camp ?
C’est le camp de Joe ça. Je n’y ai jamais participé mais j’ai déjà travaillé avec lui...
* le Kossengwe Camp est un camp de basket dédié aux meilleurs filles et garçons et organisé chaque année au Cameroun par Joe Touomou. Luc Richard et Emmanuel MBah a Moute y ont participé ce qui leur a permis de décocher une bourse pour les USA.
Parlons un peu de l’inexistence d’une équipe nationale de basket du Cameroun, surtout quand on sait que le Cameroun a un vivier de basketteurs et pourrait être dans le top 5 des nations africaines !
Le basket c’est 2 choses, il y a les joueurs et les administrateurs. Nous, en tant que joueurs notre rôle est de jouer et les administrateurs de mettre tout en place pour que nous puissions jouer dans les meilleures conditions. Je ne sais vraiment pas ce qu’il se passe. Chacun doit faire son boulot.
Les parents africains accordent une énorme importance à l’école. Avec le système américain on peut bien concilier le basket et les études
Tout ça n’est qu’une question d’organisation, et la bonne chose aux USA c’est que tout est très bien organisé de ce côté là. Le championnat scolaire de basket au Cameroun n’a pas d’importance. Par exemple, mes parents ne m’ont jamais vu jouer au basket si ce n’est cette année parce que nous étions en finale NCAA. En résumé, si nous valorisons le sport au Cameroun, les choses peuvent changer.
Quelle matière as-tu choisi ?
Relations Internationales
Et la NBA ?
Je n’y pense pas pour l’instant, mais si l’opportunité se présente je la saisirai.
Ne penses-tu pas que tu peux la créer cette opportunité ?
Si. J’ai encore 2 ans d’éligibilité mais si j’ai la possibilité d’y aller dès cette année, il me faudra beaucoup de garanties car cela ne sert a rien d’être pris au second tour. Autant mettre les chances de ton côté et améliorer faire grimper ta côte en restant un an de plus au collège.
Quelques mots sur la basket africain ?
Le basket africain est en train de progresser, nous sommes en train d’évoluer et il faut que cela continue.