Abdourahmane NDIAYE (ADIDAS)
«Adidas», la date du 31 juillet avait été annoncée comme le deadline de votre participation ou non à la Coupe du monde de basket prévue au Japon (19 août au 3 septembre) avec les Lions. Quel est votre état de santé ?
Dieu merci, je me porte bien. Là, je marche avec des béquilles, c’est déjà bien. Il me reste simplement de me renforcer musculairement, sinon ça va bien. Comme on l’avait annoncé, j’aurais pu continuer la préparation avec l’Equipe nationale.
C’est pourquoi vous déposez une plainte contre le ministre des Sports, Daouda Faye ?
Il s’agit d’emprunter la voie légale. Mais, pour plus de précisions, contactez Me Doudou Ndoye, mon avocat.
Mais vous semblez évoquer un préjudice moral subi avec votre limogeage…
Vous savez, j’ai eu à m’expliquer au début de cette affaire sur les émotions très fortes que j’ai pues ressentir. J’ai employé plusieurs qualificatifs : blessé, exaspéré. J’ai dit toute ma colère, mais je n’ai jamais dit que j’avais de la haine. Je suis très blessé dans ma chair. Car à travers cette action (limogeage pour abandon de poste), on a voulu me faire passer pour un renégat. Ce n’est pas ce que je suis et je n’accepterais pas que ma citoyenneté sénégalaise soit mise en doute, comme elle l’a été. Et quel que soit le lieu où je me trouve en France ou ailleurs et encore moins au Sénégal, je ne permettrais à personne de mettre en doute ma citoyenneté sénégalaise, parce que c’est l’essence de mon action et de ma carrière sportive en tant qu’entraîneur. J’ai épousé ce métier parce que c’est ma passion, mais c’est aussi pour montrer que la compétence n’a pas de couleur, que les Sénégalais sont aussi capables de se distinguer dans le haut niveau. Et je pense avoir été un bon ambassadeur du Sénégal. Depuis 15 ans que j’entraîne au haut niveau (Pro A, France), personne n’a remis en doute mon attitude professionnelle et de c’est de ce point de vue là que je pense que, par rapport à mon limogeage, il y a un préjudice d’image et moral qui m’a été causé.
La rupture de contrat pour «abandon de poste» (Ndlr : c’est le motif évoqué par le ministre des Sports) vous fait toujours mal alors ?
Un contrat, c’est un contrat ! Et il y a mon avocat Me Doudou Ndoye (injoignable par nos soins hier) qui vous dira tout ce qui est lié à ce contrat. En plus, il y a un caractère moral qui concerne ma personne. Compte tenu de tout cela, je pense que la suite logique liée à cette affaire-là, c’est que je ne pouvais pas rester passif. J’ai lu tous les messages d’amitié et de sympathie des Sénégalais. Et chaque jour qui passe me conforte dans l’idée que je ne regrette pas d’être revenu et d’avoir servi le Sénégal. Honnêtement, du fond du cœur, c’est quelque chose que j’ai toujours rêvé. Et c’est dommage que cela ait pris cette tournure-là. Mais ainsi va la vie ! Peut-être que des gens, qui ont eu la joie, je dirais, instantanée, de me révoquer, vont rire ? Peut-être. Mais moi, le bonheur, que j’ai toujours eu avec le basket sénégalais avec les dirigeants et supporters sénégalais, a été construit dans la durée. Depuis ma jeunesse, j’ai toujours servi le Sénégal et le basket. Et cela, ça restera toujours. C’est pourquoi je reviendrai toujours au Sénégal avec beaucoup de fierté, beaucoup de dignité en regardant tout le monde dans les yeux. C’est pourquoi, également, je refuse qu’on porte atteinte à ma citoyenneté sénégalaise. Voilà les raisons, au-delà du caractère professionnel, qui m’ont poussé à cette action en justice. Aujourd’hui, j’en parle parce que je crois que je me dois d’informer sur le mobile de mon action. Mais, sur le plan judiciaire et sur le plan des actions, je souhaiterais que Me Doudou Ndoye vous en parle.
Depuis votre limogeage, avez-vous été en contact avec la Fédération sénégalaise de basket-ball (Fsbb) ?
J’ai eu Atoumane (Gaye, 3e Vice-président de la Fsbb) et Adolphe Thiam, j’ai eu aussi Ado Sano (directeur technique national) au téléphone. J’ai lu le communiqué de la fédération qui a désavoué le ministre, c’est du jamais vu au Sénégal ! J’ai tout lu et j’en suis très sensible. Mais, il n’y a pas eu de tentative de médiation. Depuis la notification, je n’ai eu de contact ni avec le ministère ni avec le président de la fédération (Alioune Badara Diagne).
Et qu’en est-il de la renégociation de contrat dont parlait le président de la fédération, Alioune Badara Diagne ? Avec cette plainte contre le ministère des Sports, ne rompiez-vous les ponts avec l’Equipe nationale ?
Je n’ai jamais eu vent de cela et chaque chose en son temps. Aujourd’hui, pour cette rupture de contrat et avec la manière dont elle a été faite, il y a des voies pour obtenir justice. C’est une rupture que je conteste et que je combats. Il n’y a pas de tentative de renégociation comme j’ai lu dans la presse. Encore, une fois, c’est une manière très, très bizarre de régler les choses. Comme je l’ai déjà dit, s’il avait une volonté réelle de discuter ou de renégocier, il fallait avoir une attitude de coopération et non de destruction. Au-delà de ma profession, j’ai une vision très sociale du sport et tout système a un lien social avec son environnement. Et le premier rouage auquel tout sportif digne de ce nom doit s’appuyer, c’est avoir le respect et la tolérance. Et à travers ce qui a été dit et fait, je crois que ce sont des valeurs qu’on a oubliées. Là je parle, la gorge encore serrée. Je peux imaginer, j’en suis même sûr et certain, que si je n’étais pas un enfant du pays, il (le ministre) n’aurait pas réagi ainsi. Ce n’est pas faire preuve de nationalisme exacerbé, mais c’est pour dire : respectons les potentialités ! N’essayons pas de tromper les gens en usurpant les qualités d’autrui. Certes, je suis un citoyen sénégalais qui a longtemps vécu en France, mais, de par mes attitudes de tous les jours, de par mes actions, il ne se passe pas une seconde quand je gagne un match ou un titre de ne pas parler de mon pays, le Sénégal. Et les Français le savent. J’ai toujours crié haut et fort que je suis Sénégalais. Je le revendique, ce sont mes origines et c’est pourquoi, je ne peux pas comprendre ce qui s’est passé. Je ne peux pas l’accepter ! Je ne vais pas rester inactif car ce serait contraire à ma déontologie et à mes convictions. Mes convictions sont profondes, ce qu‘ils m’ont fait, c’est intolérable.
Etes-vous prêt à reprendre la sélection dans quelques mois ?
(Il réfléchit longuement, puis articule en wolof) « Yalla rekka xam (Dieu seul sait) ! Dieu seul sait quelle est ma destinée. Je ne peux pas répondre de manière affirmative à cette question. Dire non, dire oui… Ce que je sais, c’est qu’aujourd’hui, je me sens très bien. Je vais mieux. Vous savez quelle a été ma première réaction quand on m’a annoncé la rupture par voie de presse ? J’avais dit que j’attendais de savoir si c’est vrai ou pas. Et je pense que le Sénégal n’est pas en régime totalitaire. A ma connaissance, c’est un pays de droit, en tout cas c’est ce que j’entends. Donc, cette affaire-là, je ne peux pas la laisser comme cela. (Il martèle) Ce n’est pas possible ! Ce n’est pas possible ! On ne rompt pas un contrat n’importe quand et n’importe comment !
Comment appréciez-vous la préparation de l’Equipe nationale qui se déroule actuellement en France ?
Je n’ai pas vu les matches, mais je les suis. J’ai des contacts réguliers avec les gars. Je constate que c’est une préparation avec beaucoup de problèmes. Je ne veux pas trop m’avancer là-dessus. Mais ce qui est certain, si j’ose dire sans donner de conseil, car je suis un coach et je sais comment cela marche, c’est qu’il ne faut pas insister ou continuer à toujours faire des choses qui ne marchent pas, il faut faire les choses autrement. On est coutumier des faits, on fait toujours des préparations qui sont tronquées, avec des conditions qui sont toujours idoines. Je pense que si l’équipe est sereine, elle a des atouts et, mise dans de bonnes conditions de préparation, elle peut faire une participation digne de ce nom. Une équipe de basket, une équipe tout court, ce n’est pas la somme des joueurs, mais c’est tout un temps, tout une conception, une vision, une conviction et un engagement profond. Aujourd’hui, avant de mettre quelque chose sur un terrain, il aurait fallu que tout le monde soit dans une même chambre. Mais aujourd’hui, cette équipe est visiblement très perturbée par tout ce qui s’est passé.
Quels sont vos rapports avec les joueurs ?
Je ne souhaiterais pas en parler. Cependant, je dirais que je suis bien en contact avec certains et c’est tout à fait normal. (Sybillin) Il ne peut pas avoir de grande réussite sans une grande dimension humaine.
A quand le prochain séjour de «Adidas» au Sénégal ?
Je vous tiendrai au courant de cela. Et ce sera avec beaucoup de dignité, beaucoup de fierté et de plaisir que je foulerai le sol sénégalais. Cela fait partie de mes racines et mes racines gouvernent ma vie.
Dieu merci, je me porte bien. Là, je marche avec des béquilles, c’est déjà bien. Il me reste simplement de me renforcer musculairement, sinon ça va bien. Comme on l’avait annoncé, j’aurais pu continuer la préparation avec l’Equipe nationale.
C’est pourquoi vous déposez une plainte contre le ministre des Sports, Daouda Faye ?
Il s’agit d’emprunter la voie légale. Mais, pour plus de précisions, contactez Me Doudou Ndoye, mon avocat.
Mais vous semblez évoquer un préjudice moral subi avec votre limogeage…
Vous savez, j’ai eu à m’expliquer au début de cette affaire sur les émotions très fortes que j’ai pues ressentir. J’ai employé plusieurs qualificatifs : blessé, exaspéré. J’ai dit toute ma colère, mais je n’ai jamais dit que j’avais de la haine. Je suis très blessé dans ma chair. Car à travers cette action (limogeage pour abandon de poste), on a voulu me faire passer pour un renégat. Ce n’est pas ce que je suis et je n’accepterais pas que ma citoyenneté sénégalaise soit mise en doute, comme elle l’a été. Et quel que soit le lieu où je me trouve en France ou ailleurs et encore moins au Sénégal, je ne permettrais à personne de mettre en doute ma citoyenneté sénégalaise, parce que c’est l’essence de mon action et de ma carrière sportive en tant qu’entraîneur. J’ai épousé ce métier parce que c’est ma passion, mais c’est aussi pour montrer que la compétence n’a pas de couleur, que les Sénégalais sont aussi capables de se distinguer dans le haut niveau. Et je pense avoir été un bon ambassadeur du Sénégal. Depuis 15 ans que j’entraîne au haut niveau (Pro A, France), personne n’a remis en doute mon attitude professionnelle et de c’est de ce point de vue là que je pense que, par rapport à mon limogeage, il y a un préjudice d’image et moral qui m’a été causé.
La rupture de contrat pour «abandon de poste» (Ndlr : c’est le motif évoqué par le ministre des Sports) vous fait toujours mal alors ?
Un contrat, c’est un contrat ! Et il y a mon avocat Me Doudou Ndoye (injoignable par nos soins hier) qui vous dira tout ce qui est lié à ce contrat. En plus, il y a un caractère moral qui concerne ma personne. Compte tenu de tout cela, je pense que la suite logique liée à cette affaire-là, c’est que je ne pouvais pas rester passif. J’ai lu tous les messages d’amitié et de sympathie des Sénégalais. Et chaque jour qui passe me conforte dans l’idée que je ne regrette pas d’être revenu et d’avoir servi le Sénégal. Honnêtement, du fond du cœur, c’est quelque chose que j’ai toujours rêvé. Et c’est dommage que cela ait pris cette tournure-là. Mais ainsi va la vie ! Peut-être que des gens, qui ont eu la joie, je dirais, instantanée, de me révoquer, vont rire ? Peut-être. Mais moi, le bonheur, que j’ai toujours eu avec le basket sénégalais avec les dirigeants et supporters sénégalais, a été construit dans la durée. Depuis ma jeunesse, j’ai toujours servi le Sénégal et le basket. Et cela, ça restera toujours. C’est pourquoi je reviendrai toujours au Sénégal avec beaucoup de fierté, beaucoup de dignité en regardant tout le monde dans les yeux. C’est pourquoi, également, je refuse qu’on porte atteinte à ma citoyenneté sénégalaise. Voilà les raisons, au-delà du caractère professionnel, qui m’ont poussé à cette action en justice. Aujourd’hui, j’en parle parce que je crois que je me dois d’informer sur le mobile de mon action. Mais, sur le plan judiciaire et sur le plan des actions, je souhaiterais que Me Doudou Ndoye vous en parle.
Depuis votre limogeage, avez-vous été en contact avec la Fédération sénégalaise de basket-ball (Fsbb) ?
J’ai eu Atoumane (Gaye, 3e Vice-président de la Fsbb) et Adolphe Thiam, j’ai eu aussi Ado Sano (directeur technique national) au téléphone. J’ai lu le communiqué de la fédération qui a désavoué le ministre, c’est du jamais vu au Sénégal ! J’ai tout lu et j’en suis très sensible. Mais, il n’y a pas eu de tentative de médiation. Depuis la notification, je n’ai eu de contact ni avec le ministère ni avec le président de la fédération (Alioune Badara Diagne).
Et qu’en est-il de la renégociation de contrat dont parlait le président de la fédération, Alioune Badara Diagne ? Avec cette plainte contre le ministère des Sports, ne rompiez-vous les ponts avec l’Equipe nationale ?
Je n’ai jamais eu vent de cela et chaque chose en son temps. Aujourd’hui, pour cette rupture de contrat et avec la manière dont elle a été faite, il y a des voies pour obtenir justice. C’est une rupture que je conteste et que je combats. Il n’y a pas de tentative de renégociation comme j’ai lu dans la presse. Encore, une fois, c’est une manière très, très bizarre de régler les choses. Comme je l’ai déjà dit, s’il avait une volonté réelle de discuter ou de renégocier, il fallait avoir une attitude de coopération et non de destruction. Au-delà de ma profession, j’ai une vision très sociale du sport et tout système a un lien social avec son environnement. Et le premier rouage auquel tout sportif digne de ce nom doit s’appuyer, c’est avoir le respect et la tolérance. Et à travers ce qui a été dit et fait, je crois que ce sont des valeurs qu’on a oubliées. Là je parle, la gorge encore serrée. Je peux imaginer, j’en suis même sûr et certain, que si je n’étais pas un enfant du pays, il (le ministre) n’aurait pas réagi ainsi. Ce n’est pas faire preuve de nationalisme exacerbé, mais c’est pour dire : respectons les potentialités ! N’essayons pas de tromper les gens en usurpant les qualités d’autrui. Certes, je suis un citoyen sénégalais qui a longtemps vécu en France, mais, de par mes attitudes de tous les jours, de par mes actions, il ne se passe pas une seconde quand je gagne un match ou un titre de ne pas parler de mon pays, le Sénégal. Et les Français le savent. J’ai toujours crié haut et fort que je suis Sénégalais. Je le revendique, ce sont mes origines et c’est pourquoi, je ne peux pas comprendre ce qui s’est passé. Je ne peux pas l’accepter ! Je ne vais pas rester inactif car ce serait contraire à ma déontologie et à mes convictions. Mes convictions sont profondes, ce qu‘ils m’ont fait, c’est intolérable.
Etes-vous prêt à reprendre la sélection dans quelques mois ?
(Il réfléchit longuement, puis articule en wolof) « Yalla rekka xam (Dieu seul sait) ! Dieu seul sait quelle est ma destinée. Je ne peux pas répondre de manière affirmative à cette question. Dire non, dire oui… Ce que je sais, c’est qu’aujourd’hui, je me sens très bien. Je vais mieux. Vous savez quelle a été ma première réaction quand on m’a annoncé la rupture par voie de presse ? J’avais dit que j’attendais de savoir si c’est vrai ou pas. Et je pense que le Sénégal n’est pas en régime totalitaire. A ma connaissance, c’est un pays de droit, en tout cas c’est ce que j’entends. Donc, cette affaire-là, je ne peux pas la laisser comme cela. (Il martèle) Ce n’est pas possible ! Ce n’est pas possible ! On ne rompt pas un contrat n’importe quand et n’importe comment !
Comment appréciez-vous la préparation de l’Equipe nationale qui se déroule actuellement en France ?
Je n’ai pas vu les matches, mais je les suis. J’ai des contacts réguliers avec les gars. Je constate que c’est une préparation avec beaucoup de problèmes. Je ne veux pas trop m’avancer là-dessus. Mais ce qui est certain, si j’ose dire sans donner de conseil, car je suis un coach et je sais comment cela marche, c’est qu’il ne faut pas insister ou continuer à toujours faire des choses qui ne marchent pas, il faut faire les choses autrement. On est coutumier des faits, on fait toujours des préparations qui sont tronquées, avec des conditions qui sont toujours idoines. Je pense que si l’équipe est sereine, elle a des atouts et, mise dans de bonnes conditions de préparation, elle peut faire une participation digne de ce nom. Une équipe de basket, une équipe tout court, ce n’est pas la somme des joueurs, mais c’est tout un temps, tout une conception, une vision, une conviction et un engagement profond. Aujourd’hui, avant de mettre quelque chose sur un terrain, il aurait fallu que tout le monde soit dans une même chambre. Mais aujourd’hui, cette équipe est visiblement très perturbée par tout ce qui s’est passé.
Quels sont vos rapports avec les joueurs ?
Je ne souhaiterais pas en parler. Cependant, je dirais que je suis bien en contact avec certains et c’est tout à fait normal. (Sybillin) Il ne peut pas avoir de grande réussite sans une grande dimension humaine.
A quand le prochain séjour de «Adidas» au Sénégal ?
Je vous tiendrai au courant de cela. Et ce sera avec beaucoup de dignité, beaucoup de fierté et de plaisir que je foulerai le sol sénégalais. Cela fait partie de mes racines et mes racines gouvernent ma vie.