Mamadou Sow (premier plan) en compagnie de Busnel Diagne
Quel regard portez-vous sur la situation actuelle du basket sénégalais avec le manque d’entraîneurs pour les sélections nationales du Sénégal?
Il me semble que le nouveau Directeur technique national (Ado Sano) avait donné un deadline (fin novembre 2010). Cela fait déjà plus de trois mois. Je ne comprends pas qu’il ne puisse pas donner les noms des entraîneurs. La seule lecture qu’on peut en faire, c’est qu’il y a immixtion inadmissible des administratifs par rapport à son travail. Sinon, je ne vois pas pourquoi il aurait à tergiverser dans la mise en place de la Direction technique nationale (Dtn). Ce n’est pas ce que nous avons connu à notre époque. Le Dtn est le responsable technique de la fédération.
Ce retard considérable sur le choix des coaches des Lions et des Lionnes, semble vous inquiéter? Bien sûr que c’est inquiétant. Pour un pays comme le Sénégal qui veut jouer les premiers rôles, c’est doublement inquiétant. Quand les gens sont au travail depuis des mois, on croise les bras en scrutant le ciel pensant que tout va provenir de là haut. Ce sera en tout cas de la responsabilité de la fédération, s’il arrive quoi que ce soit au basket sénégalais. Nous sommes censés jouer les premiers rôles. Notre objectif chez les filles, c’est la conservation du titre continental. Il faut maintenir cet acquis de Madagascar… J’ai déjà dit qu’un tournoi se prépare sur deux ans. A défaut de deux ans, au moins sur un an.
Cela est aussi valable pour les garçons qui ont remporté le tournoi de la Zone 2 et qui sont qualifiés pour l’Afrobasket 2011 et les Jeux africains…?
On a joué le championnat du monde chez les filles. On a eu pas mal de déboires. Au lieu de venir et de corriger tout ce qu’on n’a pas pu faire de positif, on implore le ciel. C’est inadmissible. La nouvelle Fédération de basket aura une grosse responsabilité par rapport au peuple sénégalais, s’il y a échec. Allez voir ce qui se passe au Mali, les gens travaillent. Même en Côte d’Ivoire, les gens ne sont plus à chercher des entraîneurs, ils travaillent. Chez les garçons, on a joué avec une équipe A’, une équipe locale. Elle a gagné d’une manière très satisfaisante. Au lieu de continuer dans la même lancée et chercher des renforts dans des secteurs où on n’a pas été très bons, on préfère plutôt recommencer à zéro. Alors qu’en ce moment, les Angolais viennent de jouer un tournoi au Portugal avec le club de Primero, qui constitue l’ossature de la sélection nationale de l’Angola. L’équipe championne du Portugal a été battue par l’Aquipe angolaise. Vous pensez que ces gens sont en train de se regarder dans un miroir. Ils sont en train de travailler. Les fédéraux actuels sénégalais donnent raison à ceux qui disent que le basket angolais est parti pour perdurer à la première place du basket africain.
Au-delà des fédéraux, quelle est la part de responsabilité du Directeur technique national?
Ce que nous avons connu, que ce soit sous Alioune Diop, Busnel Diagne ou encore moi-même, c’est qu’il appartient au Dtn de décider du programme de préparation de l’équipe. C’est lui qui nommait les entraîneurs. Jusqu’à présent, on n’a pas vu un président de fédération nommer des entraîneurs. La technique est du ressort du Directeur technique national. C’est lui qui sait qui doit entraîner ou qui ne le doit pas. Même si l’actuel président de la fédération était un Jordan, il ne peut pas se permettre d’aller dire au Directeur technique comment il doit faire pour former l’équipe.
Aujourd’hui, à quoi a servi le changement opéré à la tête de la Direction technique nationale?
Qu’on nomme Jean ou Paul, ce n’est pas mon problème. Quand on nomme un directeur technique, il prend ses responsabilités, à savoir manager techniquement le basket. Il nomme ses entraîneurs, ses conseillers techniques… avant d’en informer la fédération. Maintenant si la fédération n’entérine pas, c’est autre chose. Mais, il a à défendre ses choix. J’ai lu Abdou (Abdourahmane Ndiaye Adidas, ancien coach des Lions), dans votre journal (Le Quotidien) disant que les gens ne sont pas sérieux. C’est là où j’ai compris qu’il y avait des problèmes au sein de la fédération. Sinon, comment peut-on négocier des choses presque en pleine compétition. Quand je dis la fédération, je mets tout le monde dans le même sac. Le Directeur technique national compris. Qu’on amène un étranger, ce n’est pas mon problème. Ce qui m’intéresse, c’est qu’il y a des délais qu’on ne peut pas dépasser. Pour moi, on est en train de mettre notre basket à genoux. Le basket, ce n’est pas de la parlotte. Ce sont des faits. C’est sur le terrain que cela se passe. Cela ne se passe pas dans les bureaux, dans les avions, c’est sur le terrain. Il faut un entraîneur, des joueurs et un ballon de basket. Ce qui se passe en ce moment, c’est de la philosophie, cela ne sert absolument à rien.
Partagez-vous le sentiment de ceux qui estiment que ceux qui étaient là devaient logiquement poursuivre le travail entamé?
Il faut qu’on soit sérieux. Quelqu’un qui gagne un championnat d’Afrique, on ne le change pas. Quel motif peut-on donner pour dire qu’on va le changer On demande des résultats. Le gars les réalise. Qu’est-ce qu’on peut lui reprocher Je prends l’exemple de Moustapha Gaye (entraîneur des Lionnes, championnes d’Afrique en titre), il ne peut pas reconquérir un titre continental et qu’on lui dise : ‘’tu n’es pas bon’’. Ce serait ridicule. Qu’est-ce qu’on veut Qu’il soit le dernier On demandait qu’il soit le premier. C’est fait ! Depuis qu’on a quitté Madagascar, il n’y a rien eu. Au championnat du monde, tout le monde a vu ce qui s’est passé. On s’accuse de droite à gauche. Il y a eu des gens qui se sont immiscés dans les aspects techniques sous prétexte qu’ils ont été des internationaux de basket. Cela ne veut rien dire. Ce n’est pas parce qu’on a été international qu’on va essayer de donner des leçons de basket à un entraîneur. Tout s’apprend. Quand on veut être entraîneur, on va sur les bancs, on se forme, on obtient des diplômes. Il faut de l’humilité pour le petit vécu qu’on a eu durant sa carrière. Mais, il ne faut pas s’immiscer dans le travail de l’entraîneur. Il ne faut pas vouloir lui faire faire des choses qu’on ne maîtrise pas. Que chacun fasse son travail. Le dirigeant est là pour apporter des moyens, le technicien fait le choix de ses joueurs et le joueur, on lui demande de jouer. On ne peut pas être dirigeant et vouloir partager les dividendes que se partagent les joueurs. Le joueur ne viendra jamais dire qu’il veut la place du président. Il vient pour jouer et demande un entraîneur compétent qui peut l’aider à progresser.
Pour gommer le retard accusé, pensez-vous qu’une solution interne pourrait régler les problèmes des entraîneurs nationaux?
Je n’en vois pas. Je viens de vous dire que les Angolais jouent. Le Mali se prépare. Qu’est-ce qu’on a fait pour montrer qu’on est en train de travailler Rien ! On veut redorer le blason du basket sénégalais. Les gens sont en train de le crier à droite et à gauche. Mais ce que nous avons fait pour être 12 fois champions d’Afrique en Filles et 5 fois en Garçons, autant en clubs, je ne vois pas de prémisses dans ce que les dirigeants du basket font en ce moment pour y arriver. Le «Moi» ne sert à rien tant que cela ne se concrétise pas par un résultat positif. Tout entraîneur qui se respecte doit avoir un minimum de temps pour faire un résultat. Ce n’est pas de la loterie. Regardez ce qui se passe au football. On entraîne aujourd’hui tel club, demain c’est un autre, ce n’est pas responsable. En une saison, on ne peut pas s’occuper de trois clubs à la fois. Les gens ne cherchent que de l’argent, ils ne cherchent pas à développer quoi que ce soit. C’est malheureux que cela se passe au basket. On ne m’a connu qu’à la Jeanne d’Arc. J’y ai fait 30 ans avec un passage au Rail parce que j’étais affecté à Thiès au Lycée Malick Sy comme professeur de Gym. J’y ai fait une année. On a été vice-champion derrière l’Asfa, finaliste de la Coupe du Sénégal contre le Dial-Diop.
Avez-vous vécu une telle situation lorsque vous étiez Directeur technique national ou encore coach des «Lions»?
Jamais ! On ne connaissait pas des choses de ce genre. J’allais m’asseoir en tant qu’entraîneur ou Directeur technique national avec les responsables de la direction des Sports, je couchais mon programme. Abdoulaye Sèye (ancien président de la fédé) n’est jamais allé à une réunion du ministère pour régler des problèmes de déplacement d’équipe ou des choses de ce genre.
Comment en est-on arrivés là?
A mon sens, c’est parce que les gens veulent se prendre pour des messies. Tu ne fais rien et tu te prends pour un messie. Quelqu’un qui veut faire mieux que ce qu’on a fait, je lui souhaite longue vie. Je ne vois aucun président dans le futur qui pourrait dire que j’ai fais mieux que Abdoulaye Sèye Moreau, feu Ibrahima Diagne, et même Ass Gaye qui a gagné le dernier championnat d’Afrique.
Après le départ de Abdourahmane Ndiaye «Adidas», comment voyez-vous l’avenir de Moustapha Gaye dont on sait toujours pas s’il va rester ou partir?
Il doit être l’entraîneur de l’Equipe féminine jusqu’au moment où il fera pire. Il a gagné un championnat d’Afrique. Ce n’est pas un problème de sympathie ou autre chose, ce sont des faits réels. Je gagne, il n’y a aucune raison que je ne sois pas maintenu à ma place. Sauf si je fais une faute grave. Et je ne pense pas que cela soit le cas.
Et la libération de la meneuse, Mame Diodio Diouf en plein championnat du monde peut-elle être perçue comme une faute grave?
Il avait deux choix : libérer définitivement la fille avant la compétition ou l’utiliser pendant la compétition et assumer les conséquences. Mais une fois qu’on a admis qu’on doit la libérer à telle période quelle que soit la phase de jeu, on doit la libérer. Qu’on le veuille ou non, l’Equipe nationale ne nourrit pas l’international sénégalais.
Comment analysez-vous la démission de Abdourahmane Ndiaye «Adidas»?
C’est un grand garçon. Il a pris ses responsabilités. Il faut noter que ce n’est pas la première fois qu’il dit prendre du recul. Il faut voir surtout le cheminement qui l’a poussé à sortir. Je salue son honnêteté en disant que les gens ne sont pas clairs et qu’il préfère s’arrêter. Rester là à vouloir jouer au sentimentaliste, cela ne règle pas le problème. Le sport ne ment pas. On ne récolte que ce que l’on sème. Si on fait trop de sentiments, cela vous retombe sur la tête. C’est pourquoi je salue encore une fois sa décision.
Dans la situation actuelle, avec quels groupes pensez-vous que le Sénégal va engager les compétitions africaines?
C’est un gros point d’interrogation. Le basket a tellement de monde dehors et dedans que finalement, on se demande comment organiser tout cela. En ce moment, il n’y a aucune prémisse qui montre qu’on veut mettre en place un groupe de performance. C’est le premier jalon à poser avant de sortir un groupe de 12 joueurs pour chaque sélection. Le directeur technique qui vient d’arriver a-t-il les informations qu’avait l’ancien directeur technique par rapport à son plan de reconquête chez les garçons et de maintien du résultat acquis chez les filles Que sont devenues les filles qui ont joué il y a deux ans Et on va jouer chez l’équipe qui veut être au sommet de l’Afrique : le Mali. En petite catégorie, le Mali est dans toutes les compétitions africaines. Ils savent où ils vont. Chez nous, on élague tout ce qui est petite catégorie et on croit qu’on va prendre simplement 12 joueurs pour gagner un tournoi. Il y avait des programmes. Les techniciens qui étaient là ne sont pas meilleurs que ceux qui sont là. Mais eux travaillaient selon des règles. Ces règles n’existent plus.
Quel conseil donneriez-vous à l’actuel Directeur technique national?
Le seul conseil que je peux lui donner, c’est d’avoir la possibilité de jouer franchement son rôle. S’il ne l’a pas, il n’a qu’à aller voir autre chose. C’est un technicien. Il n’a aucun intérêt à s’accrocher à un poste pour des honneurs. On s’accroche à un poste avec des visées bien claires, c’est-à-dire, aider le basket à aller de l’avant. S’il sent qu’il n’est pas en mesure de défendre le rôle qu’il doit jouer au niveau de la Direction technique, il n’a qu’à se démarquer de cette posture.
Et à l’actuelle équipe fédérale?
Je demanderais à ses membres de ne pas entrer dans un maillage où ils ne peuvent pas s’exprimer. Malheureusement, il y a plus de parole que de faits. Les gens font beaucoup de tintamarre et il n’y a rien de concret. Je leur conseillerais d’être beaucoup plus pragmatiques. Le peuple a besoin d’être rassuré. Surtout les férus de basket. source:lequotidien
Il me semble que le nouveau Directeur technique national (Ado Sano) avait donné un deadline (fin novembre 2010). Cela fait déjà plus de trois mois. Je ne comprends pas qu’il ne puisse pas donner les noms des entraîneurs. La seule lecture qu’on peut en faire, c’est qu’il y a immixtion inadmissible des administratifs par rapport à son travail. Sinon, je ne vois pas pourquoi il aurait à tergiverser dans la mise en place de la Direction technique nationale (Dtn). Ce n’est pas ce que nous avons connu à notre époque. Le Dtn est le responsable technique de la fédération.
Ce retard considérable sur le choix des coaches des Lions et des Lionnes, semble vous inquiéter? Bien sûr que c’est inquiétant. Pour un pays comme le Sénégal qui veut jouer les premiers rôles, c’est doublement inquiétant. Quand les gens sont au travail depuis des mois, on croise les bras en scrutant le ciel pensant que tout va provenir de là haut. Ce sera en tout cas de la responsabilité de la fédération, s’il arrive quoi que ce soit au basket sénégalais. Nous sommes censés jouer les premiers rôles. Notre objectif chez les filles, c’est la conservation du titre continental. Il faut maintenir cet acquis de Madagascar… J’ai déjà dit qu’un tournoi se prépare sur deux ans. A défaut de deux ans, au moins sur un an.
Cela est aussi valable pour les garçons qui ont remporté le tournoi de la Zone 2 et qui sont qualifiés pour l’Afrobasket 2011 et les Jeux africains…?
On a joué le championnat du monde chez les filles. On a eu pas mal de déboires. Au lieu de venir et de corriger tout ce qu’on n’a pas pu faire de positif, on implore le ciel. C’est inadmissible. La nouvelle Fédération de basket aura une grosse responsabilité par rapport au peuple sénégalais, s’il y a échec. Allez voir ce qui se passe au Mali, les gens travaillent. Même en Côte d’Ivoire, les gens ne sont plus à chercher des entraîneurs, ils travaillent. Chez les garçons, on a joué avec une équipe A’, une équipe locale. Elle a gagné d’une manière très satisfaisante. Au lieu de continuer dans la même lancée et chercher des renforts dans des secteurs où on n’a pas été très bons, on préfère plutôt recommencer à zéro. Alors qu’en ce moment, les Angolais viennent de jouer un tournoi au Portugal avec le club de Primero, qui constitue l’ossature de la sélection nationale de l’Angola. L’équipe championne du Portugal a été battue par l’Aquipe angolaise. Vous pensez que ces gens sont en train de se regarder dans un miroir. Ils sont en train de travailler. Les fédéraux actuels sénégalais donnent raison à ceux qui disent que le basket angolais est parti pour perdurer à la première place du basket africain.
Au-delà des fédéraux, quelle est la part de responsabilité du Directeur technique national?
Ce que nous avons connu, que ce soit sous Alioune Diop, Busnel Diagne ou encore moi-même, c’est qu’il appartient au Dtn de décider du programme de préparation de l’équipe. C’est lui qui nommait les entraîneurs. Jusqu’à présent, on n’a pas vu un président de fédération nommer des entraîneurs. La technique est du ressort du Directeur technique national. C’est lui qui sait qui doit entraîner ou qui ne le doit pas. Même si l’actuel président de la fédération était un Jordan, il ne peut pas se permettre d’aller dire au Directeur technique comment il doit faire pour former l’équipe.
Aujourd’hui, à quoi a servi le changement opéré à la tête de la Direction technique nationale?
Qu’on nomme Jean ou Paul, ce n’est pas mon problème. Quand on nomme un directeur technique, il prend ses responsabilités, à savoir manager techniquement le basket. Il nomme ses entraîneurs, ses conseillers techniques… avant d’en informer la fédération. Maintenant si la fédération n’entérine pas, c’est autre chose. Mais, il a à défendre ses choix. J’ai lu Abdou (Abdourahmane Ndiaye Adidas, ancien coach des Lions), dans votre journal (Le Quotidien) disant que les gens ne sont pas sérieux. C’est là où j’ai compris qu’il y avait des problèmes au sein de la fédération. Sinon, comment peut-on négocier des choses presque en pleine compétition. Quand je dis la fédération, je mets tout le monde dans le même sac. Le Directeur technique national compris. Qu’on amène un étranger, ce n’est pas mon problème. Ce qui m’intéresse, c’est qu’il y a des délais qu’on ne peut pas dépasser. Pour moi, on est en train de mettre notre basket à genoux. Le basket, ce n’est pas de la parlotte. Ce sont des faits. C’est sur le terrain que cela se passe. Cela ne se passe pas dans les bureaux, dans les avions, c’est sur le terrain. Il faut un entraîneur, des joueurs et un ballon de basket. Ce qui se passe en ce moment, c’est de la philosophie, cela ne sert absolument à rien.
Partagez-vous le sentiment de ceux qui estiment que ceux qui étaient là devaient logiquement poursuivre le travail entamé?
Il faut qu’on soit sérieux. Quelqu’un qui gagne un championnat d’Afrique, on ne le change pas. Quel motif peut-on donner pour dire qu’on va le changer On demande des résultats. Le gars les réalise. Qu’est-ce qu’on peut lui reprocher Je prends l’exemple de Moustapha Gaye (entraîneur des Lionnes, championnes d’Afrique en titre), il ne peut pas reconquérir un titre continental et qu’on lui dise : ‘’tu n’es pas bon’’. Ce serait ridicule. Qu’est-ce qu’on veut Qu’il soit le dernier On demandait qu’il soit le premier. C’est fait ! Depuis qu’on a quitté Madagascar, il n’y a rien eu. Au championnat du monde, tout le monde a vu ce qui s’est passé. On s’accuse de droite à gauche. Il y a eu des gens qui se sont immiscés dans les aspects techniques sous prétexte qu’ils ont été des internationaux de basket. Cela ne veut rien dire. Ce n’est pas parce qu’on a été international qu’on va essayer de donner des leçons de basket à un entraîneur. Tout s’apprend. Quand on veut être entraîneur, on va sur les bancs, on se forme, on obtient des diplômes. Il faut de l’humilité pour le petit vécu qu’on a eu durant sa carrière. Mais, il ne faut pas s’immiscer dans le travail de l’entraîneur. Il ne faut pas vouloir lui faire faire des choses qu’on ne maîtrise pas. Que chacun fasse son travail. Le dirigeant est là pour apporter des moyens, le technicien fait le choix de ses joueurs et le joueur, on lui demande de jouer. On ne peut pas être dirigeant et vouloir partager les dividendes que se partagent les joueurs. Le joueur ne viendra jamais dire qu’il veut la place du président. Il vient pour jouer et demande un entraîneur compétent qui peut l’aider à progresser.
Pour gommer le retard accusé, pensez-vous qu’une solution interne pourrait régler les problèmes des entraîneurs nationaux?
Je n’en vois pas. Je viens de vous dire que les Angolais jouent. Le Mali se prépare. Qu’est-ce qu’on a fait pour montrer qu’on est en train de travailler Rien ! On veut redorer le blason du basket sénégalais. Les gens sont en train de le crier à droite et à gauche. Mais ce que nous avons fait pour être 12 fois champions d’Afrique en Filles et 5 fois en Garçons, autant en clubs, je ne vois pas de prémisses dans ce que les dirigeants du basket font en ce moment pour y arriver. Le «Moi» ne sert à rien tant que cela ne se concrétise pas par un résultat positif. Tout entraîneur qui se respecte doit avoir un minimum de temps pour faire un résultat. Ce n’est pas de la loterie. Regardez ce qui se passe au football. On entraîne aujourd’hui tel club, demain c’est un autre, ce n’est pas responsable. En une saison, on ne peut pas s’occuper de trois clubs à la fois. Les gens ne cherchent que de l’argent, ils ne cherchent pas à développer quoi que ce soit. C’est malheureux que cela se passe au basket. On ne m’a connu qu’à la Jeanne d’Arc. J’y ai fait 30 ans avec un passage au Rail parce que j’étais affecté à Thiès au Lycée Malick Sy comme professeur de Gym. J’y ai fait une année. On a été vice-champion derrière l’Asfa, finaliste de la Coupe du Sénégal contre le Dial-Diop.
Avez-vous vécu une telle situation lorsque vous étiez Directeur technique national ou encore coach des «Lions»?
Jamais ! On ne connaissait pas des choses de ce genre. J’allais m’asseoir en tant qu’entraîneur ou Directeur technique national avec les responsables de la direction des Sports, je couchais mon programme. Abdoulaye Sèye (ancien président de la fédé) n’est jamais allé à une réunion du ministère pour régler des problèmes de déplacement d’équipe ou des choses de ce genre.
Comment en est-on arrivés là?
A mon sens, c’est parce que les gens veulent se prendre pour des messies. Tu ne fais rien et tu te prends pour un messie. Quelqu’un qui veut faire mieux que ce qu’on a fait, je lui souhaite longue vie. Je ne vois aucun président dans le futur qui pourrait dire que j’ai fais mieux que Abdoulaye Sèye Moreau, feu Ibrahima Diagne, et même Ass Gaye qui a gagné le dernier championnat d’Afrique.
Après le départ de Abdourahmane Ndiaye «Adidas», comment voyez-vous l’avenir de Moustapha Gaye dont on sait toujours pas s’il va rester ou partir?
Il doit être l’entraîneur de l’Equipe féminine jusqu’au moment où il fera pire. Il a gagné un championnat d’Afrique. Ce n’est pas un problème de sympathie ou autre chose, ce sont des faits réels. Je gagne, il n’y a aucune raison que je ne sois pas maintenu à ma place. Sauf si je fais une faute grave. Et je ne pense pas que cela soit le cas.
Et la libération de la meneuse, Mame Diodio Diouf en plein championnat du monde peut-elle être perçue comme une faute grave?
Il avait deux choix : libérer définitivement la fille avant la compétition ou l’utiliser pendant la compétition et assumer les conséquences. Mais une fois qu’on a admis qu’on doit la libérer à telle période quelle que soit la phase de jeu, on doit la libérer. Qu’on le veuille ou non, l’Equipe nationale ne nourrit pas l’international sénégalais.
Comment analysez-vous la démission de Abdourahmane Ndiaye «Adidas»?
C’est un grand garçon. Il a pris ses responsabilités. Il faut noter que ce n’est pas la première fois qu’il dit prendre du recul. Il faut voir surtout le cheminement qui l’a poussé à sortir. Je salue son honnêteté en disant que les gens ne sont pas clairs et qu’il préfère s’arrêter. Rester là à vouloir jouer au sentimentaliste, cela ne règle pas le problème. Le sport ne ment pas. On ne récolte que ce que l’on sème. Si on fait trop de sentiments, cela vous retombe sur la tête. C’est pourquoi je salue encore une fois sa décision.
Dans la situation actuelle, avec quels groupes pensez-vous que le Sénégal va engager les compétitions africaines?
C’est un gros point d’interrogation. Le basket a tellement de monde dehors et dedans que finalement, on se demande comment organiser tout cela. En ce moment, il n’y a aucune prémisse qui montre qu’on veut mettre en place un groupe de performance. C’est le premier jalon à poser avant de sortir un groupe de 12 joueurs pour chaque sélection. Le directeur technique qui vient d’arriver a-t-il les informations qu’avait l’ancien directeur technique par rapport à son plan de reconquête chez les garçons et de maintien du résultat acquis chez les filles Que sont devenues les filles qui ont joué il y a deux ans Et on va jouer chez l’équipe qui veut être au sommet de l’Afrique : le Mali. En petite catégorie, le Mali est dans toutes les compétitions africaines. Ils savent où ils vont. Chez nous, on élague tout ce qui est petite catégorie et on croit qu’on va prendre simplement 12 joueurs pour gagner un tournoi. Il y avait des programmes. Les techniciens qui étaient là ne sont pas meilleurs que ceux qui sont là. Mais eux travaillaient selon des règles. Ces règles n’existent plus.
Quel conseil donneriez-vous à l’actuel Directeur technique national?
Le seul conseil que je peux lui donner, c’est d’avoir la possibilité de jouer franchement son rôle. S’il ne l’a pas, il n’a qu’à aller voir autre chose. C’est un technicien. Il n’a aucun intérêt à s’accrocher à un poste pour des honneurs. On s’accroche à un poste avec des visées bien claires, c’est-à-dire, aider le basket à aller de l’avant. S’il sent qu’il n’est pas en mesure de défendre le rôle qu’il doit jouer au niveau de la Direction technique, il n’a qu’à se démarquer de cette posture.
Et à l’actuelle équipe fédérale?
Je demanderais à ses membres de ne pas entrer dans un maillage où ils ne peuvent pas s’exprimer. Malheureusement, il y a plus de parole que de faits. Les gens font beaucoup de tintamarre et il n’y a rien de concret. Je leur conseillerais d’être beaucoup plus pragmatiques. Le peuple a besoin d’être rassuré. Surtout les férus de basket. source:lequotidien