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ITW Makhtar Ndiaye : "Aucun regret par rapport à ma carrière"

Tout premier sénégalais à avoir posé les pieds sur un parquet NBA en match officiel, Makhtar Ndiaye est aujourd'hui agent de joueurs. En exclusivité, il est notamment revenu avec nous sur son parcours en NCAA et en NBA, sur plusieurs de ses campagnes avec l'équipe nationale du Sénégal, mais aussi sur sa vie quotidienne. Il nous a également donné son avis sur Evan Fournier et d'autres joueurs talentueux. Voici la première partie de l'entretien !

Basket-Ballworld



ITW Makhtar Ndiaye : "Aucun regret par rapport à ma carrière"
Tu as étudié et été basketteur dans la réputée université de North Carolina, où est passé un certain Michael Jordan. Est-ce que le fait que MJ ait porté les couleurs des Tar Heels a fortement influencé ton choix d'intégrer cette université plutôt qu'une autre au cours de tes études ?
Non du tout, cela n'a rien à voir. Si c'était le cas, tous le monde serait à North Carolina. Le coach me voulait depuis le départ. A la base, je n'avais même pas choisi d'aller à North Carolina puisque je devais aller à Wake Forest. Mais comme cela n'a pas pu se faire, je suis allé à Michigan. Et après Michigan, je suis allé en Caroline du Nord car ils me voulaient. Mais je crois que Michael Jordan n'a rien à voir là-dedans. Maintenant, c'est un grand joueur, c'est toujours bien de partager une fac avec un grand joueur. Mais cela n'a rien à voir dans ma décision d'y aller ou pas.

Là-bas, tu as notamment évolué aux côtés de Vince Carter et d'Antawn Jamison. Quel type de coéquipier étaient-ils ?
C'était des mecs biens. Comme avec les autres coéquipiers, on a forgé des relations. On s'appelle tous les jours, ce sont des amis, on est devenu une famille à force de se côtoyer. Moi je ne regarde pas les gens par rapport au talent qu'ils ont, je veux dire que ce soit Vince, Antawn ou les autres avec qui j'ai joué, j'ai toujours gardé de bonnes relations avec. Vince et Antawn, ce sont peut-être des grands joueurs par rapport aux autres, mais pour moi ils restent des humains, des amis avec qui j'ai partagé beaucoup de choses.

Étais-tu impressionné par leurs talents respectifs ? Imaginais-tu à l'époque qu'ils auraient eu une telle carrière ?
Impressionné, non, mais je savais qu'ils avaient le talent. Et je savais que c'est à force de travailler qu'ils y arriveraient, surtout Antawn. C'est un mec qui n'a jamais lâché. Vince, c'est le talent naturel. Antawn, il a fallu qu'il travaille très dur pour jouer là où il est aujourd'hui. Mais impressionné, non du tout, parce que j'en ai vu d'autres. J'ai eu la chance de côtoyer beaucoup de grands joueurs. S'il y a des joueurs qui m'ont impressionné, ce ne sont pas des joueurs avec lesquels j'ai joué. Par contre, le travail qu'Antawn Jamison a fourni pendant ces années, oui c'est impressionnant. C'est un mec qui en voulait et il en a toujours voulu. Il a eu ce qu'il voulait avoir.

As-tu une anecdote à nous raconter sur Vince Carter, un dunk impressionnant qu'il aurait pu réaliser au cours d'un entraînement ou autre ?
Tu sais, les dunks, il en fait tous le temps. Un anecdote, c'est un musicien ! Il jouait de la clarinette et du tambour quand il était au lycée. Alors une fois, à San Antonio pendant le Final Four, il y avait un petit groupe de musiciens qui était en répétition. Il est venu les rejoindre, il a pris la clarinette, il a commencé à composer une chanson et c'est comme ça que c'est parti. Mais bon, les plus gros dunks que j'ai vu, ce n'est pas pendant les matches, c'est surtout aux entraînements que je l'ai vu faire des dunks de fou. Ce qui m'a le plus impressionné sur lui, c'est qu'il aimait toute aventure, c'est un mec qui s'intéressait à beaucoup de choses.

Tu as eu la chance de disputer deux Final Four NCAA. J'imagine que c'est quelque chose de magique...
La première fois que tu y vas, avec l'équipe que l'on avait, aller au Final Four c'était le minimum requis. C'est dommage que l'on n'a pas pu entrer dans l'histoire en gagnant deux Final Four auxquels on a participé. Mais jusqu'à présent, quand tu poses la question aux autres, c'est l'une des équipes les plus talentueuses de l'Histoire de la Caroline du Nord. Malheureusement, on n'a pas remporté de titre. Mais aller au Final Four, c'était le minimum requis.

Tu es le premier Sénégalais de l'Histoire a avoir foulé les parquets de la NBA. C'était avec les Grizzlies de Vanconver face au Utah Jazz le 12 avril 1999. Que cela représente pour toi et comment as-tu vécu cette toute première rencontre ?
Quand j'ai décidé de venir aux Etats-Unis, la NBA ce n'était plus un rêve pour moi, c'était un objectif. Parce que je pouvais rester en France et passer pro, signer un contrat professionnel et puis voilà, gagner de l'argent. Quand je suis venu aux Etats-Unis, quand j'ai fait le pari de revenir ici, la NBA c'est devenu un objectif pour moi. Du coup, avec du recul maintenant, je me dis que j'ai accompli des choses, j'ai été le premier sénégalais à avoir foulé les parquets NBA et tout. Moi, je m'y attendais quelque part. Maintenant, que je sois drafté ou pas, je me disais que ça n'aurait rien servi pour moi de venir jusqu'ici, de faire tout ce travail pour ne pas jouer en NBA. Je me suis juste dit que c'est là où je devais être et j'y suis arrivé, c'est tout. C'est à force de travailler que l'on arrive en NBA. Après, le reste, il y a le côté chance, timing et tout, mais il faut travailler.  Mon premier match NBA, j'étais plus ou moins nerveux parce que c'est la NBA, mais sans plus.

Au final, alors que tu avais signé ton contrat en janvier 1999, tu n'es rentré sur le terrain qu'à seulement quatre reprises. Étais-tu quand même satisfait ou alors très déçu que cette expérience se déroule de cette façon ? Quels souvenirs gardes-tu de cette expérience unique ?
Non, si je ne suis pas resté en NBA très longtemps, c'est surtout premièrement à cause d'une blessure à l'épaule qui m'a empêché de vraiment jouer. Et deuxièmement, c'était aussi le fait que je sois transféré. Le fait que je sois transféré dans une autre franchise n'a pas beaucoup aidé. Parce qu'à Orlando, je n'étais pas le seul, il y a eu 19 joueurs sous-contrat. Du coup, je n'étais pas intéressé pour rester. C'était une franchise qui voulait gagner coûte que coûte alors que moi j'étais plus intéressé par une franchise que voulait faire jouer les jeunes, qui voulait développer les joueurs. Je ne veux pas passer pour quelqu'un qui a la grosse tête mais pendant les étés en Caroline du Nord, tous les étés il y a tous les joueurs NBA qui venaient. Tous les professionnels venaient jouer avec nous. Alors du coup, quand tu joues tous les étés avec les Jordan, Samuel Perkins, Rick Fox, etc... quand tu arrives en NBA, ce n'est plus quelque chose de nouveau pour toi. Effectivement, ce sont les mêmes joueurs que tu côtoies que durant les étés. Et c'est cette chance-là que les joueurs de North Carolina ont. Tous les étés, tous les pros reviennent. Ils essayent de nous faire avancer, surtout sur le plan basket, mais aussi de nous inculquer cette culture NBA. Du coup, quand tu arrives, toi tu es déjà préparé mentalement. Je crois que c'est ça la force que j'ai eu et j'en remercie les mecs qui m'ont aidé à le faire.

Il faut savoir aussi que tu n'avais pas été drafté. Comment avais donc tu réussi à intégrer la grande ligue ?
En travaillant c'est tout. Tu sais, tous les joueurs NBA ne sont pas draftés. Je n'ai pas été drafté mais j'ai bossé, c'est tout. J'ai bossé et je savais que j'avais le talent pour. Maintenant, être drafté ou ne pas l'être... Je crois en les quinze premiers joueurs de la draft, le reste c'est un peu de la loterie. Les mecs, ils font des paris, ça passe ou ça ne passe pas. J'ai eu la chance qu'il y ait eu deux ou trois franchises qui voulaient me drafter d'abord, mais il y a eu des joueurs qui normalement ne devaient pas être là, disponibles au moment de la draft et qui n'ont pas été draftés plus haut. Du coup, ils sont retombés plus bas et j'ai un peu été victime de ça. Mais je ne m'en suis pas plaint, ça m'a juste permis de redoubler d'efforts. Quand j'ai commencé, je n'ai pas été drafté. Parmi les mecs qui ont été draftés, j'ai essayé de prendre la place de quelqu'un d'autre et je suis arrivé à le faire.

Après cette saison 1998/1999, tu as débarqué en France, où tu as connu tes premières expériences en Pro B avec Roanne et en Pro A avec Besançon. J'imagine que cela t'a complètement changé des USA, où tu as vécu durant plusieurs années... A t-il été difficile pour toi de t'intégrer, de découvrir un tout nouveau type de jeu ?
Je ne découvrais pas le France, ce n'était pas une découverte pour moi puisque je jouais déjà en France avant de venir aux Etats-Unis, j'étais au centre de formation de Reims. Ce n'était pas une découverte, c'était juste un retour aux sources, c'est tout.

Après ces deux années dans l'hexagone, tu as de nouveau tenté d'intégrer la NBA en passant par la case D-League. Mais au final, cela ne s'est pas fait. Considères-tu aujourd'hui cela comme un échec ?
Non du tout. Parce que quand je suis reparti en NBA, je suis allé à Cleveland, je devais normalement être dans l'équipe. Le GM et le coach me voulaient dans l'équipe. Maintenant, ce qui s'est passé, c'est que pendant le dernier jour de training camp, il y a un joueur qui s'est blessé, c'était Bryan Stith. Il fallait donc trouver un autre joueur extérieur pour le remplacer. Miami a transféré Ricky Davis à Cleveland mais il a fallu lui faire de la place. Alors du coup, ce qui est arrivé, ils regardent les joueurs qui gagnent le moins d'argent et ils les jettent dehors, voilà. J'ai donc été coupé. Mais je n'échangerai ni une étape de ma carrière contre qui que ce soit ou quoi que ce soit. Je n'ai aucun regret par rapport à ma carrière.

Tu es ensuite revenu en France, où tu as passé la plus grande partie de ta carrière en tant que basketteur professionnel. Le jeu proposé par les différents championnats français te correspondait-il mieux par rapport aux autres championnats européens, voire mondiaux ?
Le jeu en France n'a pas changé. En France, on sait que ça court, ça saute. Mais ça n'a pas changé depuis des lustres. Maintenant, si tu regardes bien, depuis vingt ans les mêmes championnats en général proposent pratiquement les mêmes formes de jeu. En Espagne, c'est plus ou moins rapide, en Grèce on marche, en Italie c'est super physique et en France c'est plus athlétique. Ça, c'est un jeu qui m'a convenu puisque je l'ai fait avant de venir aux Etats-Unis, je l'ai aussi fait là-bas et à mon retour en France. Donc c'est un jeu qui me convenait bien.

Depuis le début des années 2000, peu de joueurs sénégalais ont évolué en NBA et y sont restés longtemps. Comment expliques-tu cela ?
Je crois que c'est la culture qui a changé, c'est tout. En plus, les joueurs sénégalais qui sont en NBA, ce ne sont pas des charlots non plus. On a eu de très bons joueurs, les sénégalais ont toujours été de très bons basketteurs. Je crois que c'est juste normal maintenant que les gens réalisent que l'on est aussi talentueux que les autres. Tu sais, je crois que la NBA, ce n'est pas une question de nationalité ou d'autres choses. Il y a le talent, le physique, etc... mais il y a aussi une question de chance. Le jeu a tellement évolué, il est plus rapide maintenant, c'est moins physique. Du coup, ça arrange bien l'africain entre guillemets. Quand je dis l'africain, Boris Diaw je le compte là-dedans aussi. C'est un joueur athlétique, il est polyvalent. A l'époque, on était tellement catégorisé. Les africains étaient considérés comme étant juste des défenseurs alors que l'on avait aussi vraiment le talent d'être des joueurs offensifs. Mais personne n'a jamais voulu prendre vraiment cette chance. On nous a plus catégorisé, mis dans un sac. Mais aujourd'hui, je crois que les choses ont changé. Du coup, il y a plus d'opportunités, le basket s'est ouvert, c'est un basket mondial maintenant. Le fait que les jeunes désormais quittent le Sénégal pour aller en France, en Espagne, ou je ne sais pas où avant d'aller aux Etats-Unis, c'est aussi un plus.

Évoluant actuellement en NCAA avec Louisville, Gorgui Sy Dieng est à ce jour le prospect NBA sénégalais le plus talentueux. Il a d'ailleurs accédé l'an dernier ainsi que cette année au Final Four avec son équipe, devenant ainsi le troisième sénégalais après toi et Souleymane Wane à atteindre la phase finale universitaire américaine. Gardes-tu un oeil régulièrement sur ses performances et représente t-il l'avenir du basket sénégalais selon toi ?
J'espère que ça sera le deuxième sénégalais après Souleymane Wane a remporté un titre NCAA. Je le lui souhaite en tout cas. Maintenant, je ne pense pas qu'il soit le sénégalais le plus talentueux, mais il fait partie des plus talentueux. L'avenir du basket sénégalais ne se repose pas sur un joueur mais sur tous les sénégalais qui sont dans le basket. On a eu des joueurs super talentueux qui n'ont pas changé grand chose non plus. L'avenir du basket sénégalais, je crois que c'est surtout organisationnel. Les joueurs, on en a et on en aura tout le temps, ce n'est pas ce qui manque au Sénégal. On a des joueurs comme Boniface N'Dong qui joue en Turquie maintenant, qui a joué à Barcelone et qui a gagné deux coupes d'Europe, Maleye N'Doye qui a joué l'Euroleague, etc... on en a plein. Gorgui fait juste partie d'une génération de joueurs très talentueuse et qui a la chance d'être exposée, c'est tout. Maintenant, je veux dire pour que le basket sénégalais retrouve son niveau, il faut vraiment que les dirigeants sénégalais se mettent vraiment au travail et que les choses bougent un peu. Là, je crois ça a déjà commencé, on a un président qui est très actif. Maintenant, on verra avec cette CAN, ils vont essayer de défendre les couleurs de la nation. Mais je crois que le Sénégal a envie d'y être impressionnant, il faut juste d'abord protéger, et après exploiter

Article rédigé par le Mercredi 3 Avril 2013




1.Posté par Abdou Gaye le 04/05/2016 00:18
Bonjour M. Makhtar Ndiaye,

j'ai vu que à travers l'émission les maitres du jeux de mame fatou Ndeye que vous êtes un agent de joueur et j'ai un jeune basketteur qui cherche un agent de joueur.

pourriez vous me donner vos coordonnées que je puisses vous mettre en contact.

je vous écris depuis le canada et mon nom est Abdou Gaye.

mon tel est : 0015147754401.

En attente de vos nouvelles merci.

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