
Si la jeune équipe de l’Asc Ville-de-Dakar a connu un déclic cette saison, le talent de Fatimatou Fam y est pour beaucoup. Cette joueuse au talent double, ailière et meneuse à la fois, joue un rôle de moteur dans ce club. Même si son coach Cheikhou Diouf ne voit pas de star dans son équipe, il admet tout de même que Fawade, surnom de Fatimatou Fam, sort du lot. «Quand j’ai pris les rênes de l’équipe en 2e division, pour l’aider à être dans la lumière, je suis allé chercher Fatimatou Fam, compte tenu de ses qualités, pour qu’elle m’accompagne dans ce projet. C’est une fille très discrète, très posée et qui a un talent sur deux postes. Elle est ailière et meneuse de jeu à la fois», renseigne coach Diouf. Le projet qui a pris forme depuis trois ans est en passe d’avoir une issue favorable. Une seule année a suffi pour monter le club en Division 1. Pour sa deuxième saison dans l’élite, Ville de Dakar a caressé les play-offs et pour la troisième année, cette saison, l’équipe est en finale de la Coupe arc-en-ciel. Une grande première. Quel rôle a joué Fawade dans ce parcours ? «“Fa” est très forte au niveau du duel, des tirs primés et des tirs à 3 points (10 à 15 points en moyenne). Dans le jeu offensif du club, elle est l’option numéro 1 pour son intelligence, au niveau de l’anticipation et de l’interception. En général, elle marque le tiers des points. On l’utilise pour les contre-attaques car elle a un jeu très rapide», répond le coach. Par contre, Fa traîne des lacunes qui pourraient lui coûter : elle est très distraite, elle ne prend pas tout le temps les choses en main. Alors que si elle veut laisser son empreinte en équipe nationale, elle doit être capable de s’assumer et de prendre des risques, prévient son coach.
Un prolongement du rêve de sa mère
Avec 1m75 pour 62 kg, Fatimatou Fam pratique le basket comme pour réaliser un vieux rêve de sa mère. Pourtant, toute jeune, elle avait opté pour l’athlétisme, mais a fait long feu sur la piste après deux ans d’Uassu. «Ma mère voulait pratiquer le basket dans sa jeunesse, mais ses parents ont refusé. Quand j’ai arrêté l’athlétisme, elle m’a suggéré de pratiquer le basket, le sport de ses rêves et papa était là pour me soutenir aussi», raconte la fille unique. En 2003, elle fait ses premiers pas à la Ville-de-Dakar. Par la suite, elle est allée au Sibac où elle a été couvée par Nancy Diouf pendant trois ans, entre 2006 et 2008. Au Sibac, la désormais Madame Guèye (mariée depuis 8 mois à Cheikh Ndary, basketteur à l’Us Gorée) passe une dernière saison morose et perd l’amour du ballon orange. C’est en 2009 qu’elle a repris goût avec son retour à la formation de la municipalité de la capitale. «Coach Cheikhou Diouf m’a redonné la confiance que j’avais perdue en me disant que je peux aller loin si je travaille», confie-t-elle. La présélection en équipe nationale locale vient comme une source de motivation supplémentaire. «C’est comme si j’ai franchi une étape, même s’il me reste encore du chemin. Je vais travailler dur pour devenir une professionnelle, être internationale», hurle-t-elle. Toutefois, Fatimatou Fam Guèye compte allier sport et études. Après avoir décroché son Bac en série L depuis 4 ans au Lycée des Parcelles Assainies, elle a tenté des études de Droit à l’université Cheikh Anta Diop, sans succès. Elle vire ensuite pour la formation professionnelle. Aujourd’hui, la basketteuse est en troisième année de Management à l’Eticca de Dakar.