Samedi 15 mai, lors des demi-finales des play-offs du championnat dames, Fatou Mbaye avait terminé son match sur les tribunes, disqualifiée pour avoir échangé des gifles avec Maïmouna Diarra de Saint-Louis basket club. «Je regrette ! L’acte est antisportif. Je n’arrive pas à m’expliquer ce comportement, avait reconnu Fatou Mbaye. Après l’incident, les dirigeants de Saint-Louis basket club m’ont appelée pour recoller les morceaux. J’ai fait 11 ans de basket et c’est la première fois que je me donne en spectacle de cette manière. C’était un match très difficile, les nerfs étaient tendus, et je ne me suis pas contrôlée. Je demande pardon au monde du basket. Je ne vais plus jamais répéter mon acte». La suspension consommée, Fatou revient, le samedi 29 mai, sur les lieux du crime, le parquet de Marius Ndiaye. Pour son retour, elle devait relever deux défis : gagner la finale de la Coupe Arc-en-ciel et se réconcilier avec son public.
Généreuse dans l’effort, adroite devant le cerceau, Fatou réalise un match presque parfait. Avec 19 points au compteur, elle décroche le titre de Meilleure joueuse et offre au Duc sa 9e Coupe Arc-en-ciel.
Comme son idole, Mame Maty Mbengue, elle a été l’une des meilleures sur le parquet. Si Fatou a fait de l’ancienne Lionne sa référence c’est parce que cette dernière, ex-pivot de l’équipe nationale, avait, en plus d’être talentueuse, «une forte personnalité».
En 1999, au moment où Mame Maty était au summum de son art, Fatou Mbaye s’initiait au basket à Louga où elle est née. Ses parents sont originaires de Pal, dans la région Saint-Louis. Avec le Ndiambour, actuel Louga basket club, Fa, comme l’appellent ses proches, prenait part à la Semaine de la jeunesse. Mais c’est au Saint-Louis basket club qu’elle a eu le privilège de titiller l’élite pour la première fois. C’était en 2005. Trois ans après, le Duc s’attache ses services. Depuis, Fatou gravit les échelons. Elle signe sa première sélection en équipe nationale lors du tournoi de Bamako au Mali, en 2008, sous les ordres de Raoul Toupane. Sa deuxième expérience avec les Lionnes est écourtée par une maladie. Pas au mieux de sa forme, elle rate le train de la Coupe d’Afrique de basket 2009.
Non à la Tunisie et au Maroc
Courtisée par des clubs marocains et tunisiens, Fatou Mbaye a toujours refusé de signer l’acte de «mariage». La raison est toute simple : «dans ces pays, je peux gagner de l’argent, mais en termes de formation, il n’y a pas mieux que le Sénégal. Si je dois quitter le Sénégal c’est pour les pays européens où le niveau est élevé.»
La vie de Fatou se résume pour le moment au basket. «Je ne fais rien d’autre, avoue-t-elle. Je n’ai jamais été à l’école parce que mon père est un orthodoxe. Pour lui, une femme est faite pour le foyer.»