Qu’avez-vous ressenti au soir de la finale de la Can perdue devant votre public et face au Mali (56-63) ?
(Gêné) C’est la frustration, après le boulot que nous avons abattu durant presque trois ans où nous avons tout fait pour monter une bonne équipe. L’objectif final était d’organiser et de gagner. Si nous sommes passés à côtés de ces objectifs, seuls des sentiments de frustration peuvent m’animer au soir de cette finale perdue. La désolation était là. Les filles étaient en pleurs. Nous sommes passés à côté de quelque chose qui était à portée de main. A quelques secondes de la fin du match, nous pouvions encore prendre la coupe. Ce qui ne s’est pas produit. Sur le coup, c’est comme un malheur était tombé sur nos têtes.
La défaite s’est pourtant dessinée dès le début de la rencontre. Ne l’avez-vous pas vue venir ?
Dans un match de basket, tout peut basculer en l’espace de quelques secondes. Nous avons été menés pendant toute la partie. Mais, à chaque fois, le coup était jouable. Nous avons raté beaucoup de paniers faciles, mais j’y croyais. Il suffisait d’un moment de réussite pour revenir au score et prendre les commandes. J’ai, d’ailleurs, demandé à mes joueuses de garder leur lucidité tout au long du match, malheureusement elles étaient affolées. Il fallait mettre en place une tactique et déjouer les plans de l’adversaire. Nous y étions presque, à une minute et quelques secondes. Avec trois points d’avance (52-55), on avait la possibilité de renverser la tendance. Le moment était là, mais il y a eu une faute bête. Les connaisseurs comprendront qu’il y a eu une faute défensive qui a été fatale. On a encaissé un panier facile. On devait pousser l’adversaire à douter. Mais à quelques secondes de la fin, et avec l’état mental des filles, je me suis dit que c’était perdu.
Quel bilan global faites-vous du jeu pratiqué par les Lionnes ?
Nous avons démarré timidement. Au fur et à mesure, nous avons essayé de prendre nos repères et de jouer sur notre propre valeur, en partant d’une défense bien organisée et en procédant par des contres ou des attaques placées. Ceci nous a réussi. Au niveau du jeu collectif, au départ, nous avons eu des problèmes. Car, il y avait des joueuses qui ont voulu, à chaque instant, prouver qu’elles étaient là. Du coup, nous avons eu quelques problèmes sur le plan collectif. A force de leur parler, nous avons su corriger beaucoup de choses. C’est à partir des quarts de finale que l’équipe a montré son vrai visage. Il fallait gagner le dernier match. Malheureusement tel n’a pas été le cas, en finale contre le Mali. Mais tout n’est pas mauvais. Il faut savoir que tous nos matches étaient des finales, ils n’étaient pas faciles. Cela nous a beaucoup affaibli sur le plan physique. Dans ce genre de compétition, la fraîcheur physique occupe une place importante. Vu que le Sénégal a trop misé sur la défense, c’était normal qu’il y ait ce manquement au cours de la compétition. Défendre, c’est beaucoup plus dur que d’attaquer. La défense est plus collective et demande plus de concentration. Contre le Mozambique, en demi-finale, nous avons déployé beaucoup d’efforts physiques.
Le Sénégal a donc manqué de fraîcheur durant cette compétition.
(Affirmatif) C’est vrai ! A l’image de toutes les équipes d’ailleurs, nous avons manqué de fraîcheur physique. Mais, comme nous avions opté pour le jeu défensif, nous l’avons plus ressentie. Il faut comprendre qu’on a joué à 20 heures notre demi-finale, et qu’on n’a pas eu assez de temps de récupération par rapport aux Maliennes qui avaient joué plutôt (17h 30). L’équipe n’a pas pu contenir l’attaque malienne. Et en face, il y avait une très grande joueuse, Hamchétou Maïga.
En parlant de fraîcheur physique, pourquoi n’avez-vous pas opté pour la solution Awa Doumbia qui n’avait pas joué les demi-finales contre la Mozambique ?
Le coaching, c’est le coaching ! Je n’ai rien contre Awa Doumbia. Je l’ai mise sur le terrain. C’est une fille qui joue en position d’ailière. Mais, nous avions besoin de fraîcheur, mais aussi de scorer. C’est cela le problème. J’avais pensé mettre certaines joueuses qui pouvaient au moins scorer. Je devais revenir au score, parce qu’on était mené. J’ai mis Adama Diakhaté sur le terrain, parce que je pensais qu’elle pouvait apporter un plus dans ce secteur du jeu. Je ne regrette rien.
N’a-t-il pas manqué un leader de groupe dans votre équipe, à l’image du Mali qui avait Hamchétou Maïga ?
Hamchétou, c’est l’une des meilleures joueuses africaines, l’une des meilleures du championnat américain où elle n’est pas une figurante. A la Wnba, Hamchétou (Maïga) fait partie du cinq majeur de son équipe. Une joueuse de cette trempe, on ne l’impose pas. Par contre, nous avons de très bonnes joueuses. Je préfère, d’ailleurs, avoir une complémentarité, un esprit d’équipe que d’avoir un seul élément. Ce leadership peut avoir des côtés positifs comme des côtés négatifs, qui peuvent être très dangereux. Peut-être qu’aujourd’hui avec Hamchétou Maïga, ça passe. Pour certaines équipes, cela peut amener des problèmes. Mais je rappelle que nous avons basé notre équipe sur des joueuses interchangeables, sur le travail, sur le collectif.
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées au cours de cette Can ?
Sincèrement, nous n’avons pas eu de grosses difficultés. Depuis que nous avons mis sur pied cette équipe, nous avons fait plus de quarante matches. Si on prend les Jeux de la Francophonie (Niger 2005), les championnats d’Afrique (2005-2007), les Jeux africains (Alger 2007), nous n’avons perdu que quatre matches : contre la France, en finale de la francophonie, contre le Nigeria en finale (Abuja 2005), un match de poule aux Jeux africains contre le même Nigeria et aujourd’hui une finale contre le Mali (Can 2007). Nous n’avons donc pas connu des périodes difficiles. Il ne faut pas que les gens disent que le basket est mort ou autre chose de ce genre. Je demeure convaincu que le basket féminin a le potentiel pour rester parmi l’élite africaine. Ce n’est pas parce qu’on a perdu le titre que le basket est en recul. Le Mali qui a gagné dispose de joueuses de renommée internationale. Le Mali mérite de gagner.
Ne regrettez-vous pas d’avoir laissé en rade Astou Ndiaye qui a eu à évoluer dans le championnat américain et qui, aujourd’hui, a été championne d’Italie avec son club ?
(Enervé) Je ne veux pas revenir sur ce choix. Cela risque de causer des polémiques. Je ne regrette pas la non-sélection de Astou Ndiaye !
Cette défaite en finale n’est-elle pas la suite logique d’une mauvaise politique fédérale avec un championnat de D2 inexistant depuis trois ans, une absence des clubs sénégalais au niveau africain, contrairement au Mali ?
Il y a cette lecture à faire ! Au niveau de la petite catégorie, il y a des améliorations à faire et les gens s’organisent dans les régions. Sur le plan international, c’est vrai, le Sénégal n’a rien fait au niveau des jeunes.
Pourquoi ?
C’est toujours le même problème ; il n’y a pas de moyens. La fédération n’a pas les moyens de faire sa politique sportive. Notre souhait est de faire le maximum de compétitions sur les deux plans au niveau de la direction technique nationale. Et à chaque fois que nous avions les moyens d’organiser quelque chose, nous le faisions. Chaque année, on élabore un programme qui fixe les compétitions nationales et internationales. Mais, c’est dans l’exécution du programme où se situe le gros problème. Maintenant, la fédération doit trouver des moyens additionnels. Si on prend l’exemple de l’Angola, certes il y a l’Etat qui suit derrière, mais il y a d’autres moyens additionnels qui leur permettent de parfaire leur basket.
Le basket sénégalais ne souffre-t-il pas d’un problème d’homme ?
Jugez-en vous-même. Dans toute œuvre humaine, il y a des imperfections.
Avez-vous des regrets ?
Mon seul regret, c’est d’avoir perdu la finale. Sur toute ma démarche, j’ai été logique avec moi-même. En âme et conscience, s’il fallait recommencer, j’allais le refaire. Mais, il y a quelque part où j’ai failli.
A quel niveau ?
Je suis en train de voir. Forcément, il y a eu des erreurs. Pour arriver à un bon niveau de performance, il faut faire moins d’erreurs. Peut-être sur le plan des structures, de ma façon de jouer, de la réponse que j’attendais de mes joueuses et qui n’a pas eu de retour…
Pensez-vous avoir une part de responsabilité dans la défaite du Sénégal face au Mali ?
Je me sens coupable. Je suis coupable d’avoir joué et perdu la finale.
Et vos responsabilités en qualité de directeur technique national après la déroute des Lions en Angola ?
(Enervé) Je suis là en tant que coach des Lionnes, donc je ne vous répondrai que sur cette question. (Ferme)
Pourquoi avoir accepté de rester sur le banc de touche après votre rupture du tendon d’Achille gauche. Ce choix n’a-t-il pas handicapé votre équipe ?
Si mon accident était arrivé deux mois avant, je n’allais pas être sur le banc. Il se trouve qu’on formait déjà une équipe. J’ai tout fait dans cette équipe. La préparation, la sélection… J’ai cherché à travailler autour d’une équipe. Et à l’ultime phase de la préparation, je me suis blessé. Mais on m’a fait un traitement qui m’a permis de ne pas quitter l’équipe. Il fallait voir l’état d’esprit du groupe. Je ne pouvais pas les abandonner à cet instant. On ne pouvait pas amener quelqu’un d’autre. Si quelqu’un dit que je suis resté pour une toute autre raison, c’est de mauvaise foi.
Et votre adjoint, Dame Diouf, ne pouvait-il pas prendre les destinées de l’équipe ?
L’adjoint aussi avait besoin que je sois près de l’équipe. Si j’avais confié l’équipe à mon adjoint, il y aurait eu une cassure. J’étais là tous les jours, mais c’est lui qui faisait le boulot avec les filles. J’aurai aimé être sur mes deux jambes. N’empêche je n’ai raté aucune séance d’entraînement.
(Nuancé) Quand je suis assis, je ne vis pas le match ! Tout le monde le sait. C’est pour cela que de temps en temps, j’ai voulu me lever pour vivre le match. C’est important la relation coach-joueurs.
Comment voyez- vous l’avenir de cette équipe ?
Sûrement que certaines vont partir. Mais, on a un très bon potentiel. Nous avons essayé de faire un bon travail. C’était jusqu’au championnat d’Afrique. Nous avons raté l’objectif principal, mais d’un autre côté, tout n’a pas été négatif. Il y a une base et beaucoup de jeunes joueuses qui pouvaient avoir leur place dans cette équipe. Je demeure optimiste sur l’avenir du basket féminin sénégalais. Ce que je déplore, c’est qu’à chaque fois qu’il y a un échec, les gens tirent sur tout le monde. On réclame des têtes, le départ des joueurs âgés… Avec une telle politique, ce sera un éternel recommencement. J’ai tout fait pour le développement de mon basket. Je ne le dis pas pour rester éternel à ce poste. Je crois en l’avenir de cette équipe. Le Sénégal est capable encore de faire ce que le Mali a fait ici. On l’a fait plusieurs fois. Et on est toujours en mesure de le refaire.
Quelle appréciation faites vous de l’organisation ?
Honnêtement, je ne peux pas répondre à cette question.
L’organisation n’a aucunement affecté la préparation de votre équipe?
Tout au début oui, parce que le stadium n’était pas prêt. On n’a pas pu disposer du stadium pendant suffisamment de temps, avant le démarrage de la compétition. Au moins durant les dix jours qu’on est resté à Dakar après notre préparation en France. On aurait pu également jouer deux matches. Mais, franchement, je ne vais pas revenir sur cela.
Quels ont été les moments les plus difficiles ?
C’est à chaque fois que je devais faire le choix de mes joueuses. Que ce soit à Dakar ou en France, c’était des moments difficiles. Vivre en équipe durant une période et se séparer de la personne, ce n’est pas facile. Il y a aussi les ratages sur les programmes de préparation, les tout premiers jours de ma blessure et bien évidemment la finale.
Et les moments de communion ?
C’était à chaque fois qu’on gagné un match. J’étais soulagé, parce que les gens nous ont mis beaucoup de pression durant cette compétition. Malgré que nous gagnions nos matches, les gens n’étaient pas contents.
D’aucuns pensent que si vous aviez perdu en match de poule face au Mali, la finale aurait été plus facile pour le Sénégal.
Si nous avions concédé une défaite lors des matches de poules, contre le Mali, peut-être, on aurait pu remporter le titre (rires). Cela nous a réussi aux Jeux africains d’Alger. On a perdu un match et on gagné la finale. A la francophonie, on a perdu un match. A Abuja, c’était aussi le cas.
Cela aurait pu être une option.
(Rires) Non ! Non ! Je ne suis pas dans cette logique. Il y a en qui le font. Mais je ne crois pas que l’entraîneur du Mali (José Ruis) ait adopté une telle démarche contre nous. Entre le Mali et le Sénégal, il y a toujours cette rivalité de pays voisin.
Comment avez-vous trouvé le niveau de la 20e édition de la Can 2007 ?
Le niveau a été plus élevé que celui de la dernière Can. Nous avons noté la progression de certaines équipes. Le Mali est venu avec un très bon niveau. Même le Sénégal a eu un niveau beaucoup plus performant que lors des Jeux africains d’Abuja. Nous avons vu des équipes comme l’Angola et surtout le Mozambique. C’est une équipe qui a fléchi vers les demi-finales. Elle était épuisée. Elle a fourni beaucoup d’efforts contre le Sénégal.
La grosse déception restera sûrement le Nigeria.
C’est, en effet, la grosse déception. Le Nigeria a cherché à revenir. Mais, sans sa meilleure joueuse Udoka (Mfon) qui n’était pas au meilleur de sa forme, le Nigeria n’a pas pu exprimer sa vraie valeur. Tout le jeu du Nigeria reposait sur cette joueuse qui n’a rejoint l’équipe qu’au dernier moment. Cela les a perturbées. Personnellement, tant que je serai à la tête de l’équipe nationale, je refuserai que l’équipe repose sur une seule personne. Par contre, il peut y avoir une joueuse qui sort du lot.
Comme qui par exemple, chez les Lionnes ?
Ndèye Ndiaye a les dispositions pour être leader dans ce groupe. Sur le plan du jeu, on peut penser à Aya Traoré. Mais sur le plan mental, il reste encore à faire.
Pensez-vous que sans Hamchétou Maïga le Mali ne pourra pas jouer les grands rôles ?
Hamchétou reste le leader de l’équipe malienne. Elle a su faire la différence quand il le fallait. Mais, il y a aussi le fait que le Mali a un bon collectif. Il y a combien de joueuses de grande taille dans cette équipe ? A côtés aussi, il y a des joueuses extérieures. Certes Hamchétou constitue un bon pourcentage, mais si le Mali continue à travailler, on devrait voir d’autres Hamchétou Maïga dans cette équipe.
Quelles sont les perspectives ?
J’attends de faire un bilan. Je n’ai pas encore parlé avec mes collègues, ni avec l’instance fédérale… C’est à ce moment-là que je pourrai avoir une meilleure orientation sur les perspectives de l’équipe nationale. Ce qui est certain, c’est que je suis toujours au service du basket sénégalais et je le serai toujours. C’est vrai que nous devons nous qualifier pour les préliminaires des Jeux Olympiques de Pékin 2008. La compétition est prévue en juin. On va songer d’ici là à une meilleure préparation. Pourquoi pas organiser un tournoi à Dakar ou aller chercher notre revanche au Mali chez lui (rires). C’est une équipe qui sera également en préparation pour les Jeux Olympiques.
(Gêné) C’est la frustration, après le boulot que nous avons abattu durant presque trois ans où nous avons tout fait pour monter une bonne équipe. L’objectif final était d’organiser et de gagner. Si nous sommes passés à côtés de ces objectifs, seuls des sentiments de frustration peuvent m’animer au soir de cette finale perdue. La désolation était là. Les filles étaient en pleurs. Nous sommes passés à côté de quelque chose qui était à portée de main. A quelques secondes de la fin du match, nous pouvions encore prendre la coupe. Ce qui ne s’est pas produit. Sur le coup, c’est comme un malheur était tombé sur nos têtes.
La défaite s’est pourtant dessinée dès le début de la rencontre. Ne l’avez-vous pas vue venir ?
Dans un match de basket, tout peut basculer en l’espace de quelques secondes. Nous avons été menés pendant toute la partie. Mais, à chaque fois, le coup était jouable. Nous avons raté beaucoup de paniers faciles, mais j’y croyais. Il suffisait d’un moment de réussite pour revenir au score et prendre les commandes. J’ai, d’ailleurs, demandé à mes joueuses de garder leur lucidité tout au long du match, malheureusement elles étaient affolées. Il fallait mettre en place une tactique et déjouer les plans de l’adversaire. Nous y étions presque, à une minute et quelques secondes. Avec trois points d’avance (52-55), on avait la possibilité de renverser la tendance. Le moment était là, mais il y a eu une faute bête. Les connaisseurs comprendront qu’il y a eu une faute défensive qui a été fatale. On a encaissé un panier facile. On devait pousser l’adversaire à douter. Mais à quelques secondes de la fin, et avec l’état mental des filles, je me suis dit que c’était perdu.
Quel bilan global faites-vous du jeu pratiqué par les Lionnes ?
Nous avons démarré timidement. Au fur et à mesure, nous avons essayé de prendre nos repères et de jouer sur notre propre valeur, en partant d’une défense bien organisée et en procédant par des contres ou des attaques placées. Ceci nous a réussi. Au niveau du jeu collectif, au départ, nous avons eu des problèmes. Car, il y avait des joueuses qui ont voulu, à chaque instant, prouver qu’elles étaient là. Du coup, nous avons eu quelques problèmes sur le plan collectif. A force de leur parler, nous avons su corriger beaucoup de choses. C’est à partir des quarts de finale que l’équipe a montré son vrai visage. Il fallait gagner le dernier match. Malheureusement tel n’a pas été le cas, en finale contre le Mali. Mais tout n’est pas mauvais. Il faut savoir que tous nos matches étaient des finales, ils n’étaient pas faciles. Cela nous a beaucoup affaibli sur le plan physique. Dans ce genre de compétition, la fraîcheur physique occupe une place importante. Vu que le Sénégal a trop misé sur la défense, c’était normal qu’il y ait ce manquement au cours de la compétition. Défendre, c’est beaucoup plus dur que d’attaquer. La défense est plus collective et demande plus de concentration. Contre le Mozambique, en demi-finale, nous avons déployé beaucoup d’efforts physiques.
Le Sénégal a donc manqué de fraîcheur durant cette compétition.
(Affirmatif) C’est vrai ! A l’image de toutes les équipes d’ailleurs, nous avons manqué de fraîcheur physique. Mais, comme nous avions opté pour le jeu défensif, nous l’avons plus ressentie. Il faut comprendre qu’on a joué à 20 heures notre demi-finale, et qu’on n’a pas eu assez de temps de récupération par rapport aux Maliennes qui avaient joué plutôt (17h 30). L’équipe n’a pas pu contenir l’attaque malienne. Et en face, il y avait une très grande joueuse, Hamchétou Maïga.
En parlant de fraîcheur physique, pourquoi n’avez-vous pas opté pour la solution Awa Doumbia qui n’avait pas joué les demi-finales contre la Mozambique ?
Le coaching, c’est le coaching ! Je n’ai rien contre Awa Doumbia. Je l’ai mise sur le terrain. C’est une fille qui joue en position d’ailière. Mais, nous avions besoin de fraîcheur, mais aussi de scorer. C’est cela le problème. J’avais pensé mettre certaines joueuses qui pouvaient au moins scorer. Je devais revenir au score, parce qu’on était mené. J’ai mis Adama Diakhaté sur le terrain, parce que je pensais qu’elle pouvait apporter un plus dans ce secteur du jeu. Je ne regrette rien.
N’a-t-il pas manqué un leader de groupe dans votre équipe, à l’image du Mali qui avait Hamchétou Maïga ?
Hamchétou, c’est l’une des meilleures joueuses africaines, l’une des meilleures du championnat américain où elle n’est pas une figurante. A la Wnba, Hamchétou (Maïga) fait partie du cinq majeur de son équipe. Une joueuse de cette trempe, on ne l’impose pas. Par contre, nous avons de très bonnes joueuses. Je préfère, d’ailleurs, avoir une complémentarité, un esprit d’équipe que d’avoir un seul élément. Ce leadership peut avoir des côtés positifs comme des côtés négatifs, qui peuvent être très dangereux. Peut-être qu’aujourd’hui avec Hamchétou Maïga, ça passe. Pour certaines équipes, cela peut amener des problèmes. Mais je rappelle que nous avons basé notre équipe sur des joueuses interchangeables, sur le travail, sur le collectif.
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées au cours de cette Can ?
Sincèrement, nous n’avons pas eu de grosses difficultés. Depuis que nous avons mis sur pied cette équipe, nous avons fait plus de quarante matches. Si on prend les Jeux de la Francophonie (Niger 2005), les championnats d’Afrique (2005-2007), les Jeux africains (Alger 2007), nous n’avons perdu que quatre matches : contre la France, en finale de la francophonie, contre le Nigeria en finale (Abuja 2005), un match de poule aux Jeux africains contre le même Nigeria et aujourd’hui une finale contre le Mali (Can 2007). Nous n’avons donc pas connu des périodes difficiles. Il ne faut pas que les gens disent que le basket est mort ou autre chose de ce genre. Je demeure convaincu que le basket féminin a le potentiel pour rester parmi l’élite africaine. Ce n’est pas parce qu’on a perdu le titre que le basket est en recul. Le Mali qui a gagné dispose de joueuses de renommée internationale. Le Mali mérite de gagner.
Ne regrettez-vous pas d’avoir laissé en rade Astou Ndiaye qui a eu à évoluer dans le championnat américain et qui, aujourd’hui, a été championne d’Italie avec son club ?
(Enervé) Je ne veux pas revenir sur ce choix. Cela risque de causer des polémiques. Je ne regrette pas la non-sélection de Astou Ndiaye !
Cette défaite en finale n’est-elle pas la suite logique d’une mauvaise politique fédérale avec un championnat de D2 inexistant depuis trois ans, une absence des clubs sénégalais au niveau africain, contrairement au Mali ?
Il y a cette lecture à faire ! Au niveau de la petite catégorie, il y a des améliorations à faire et les gens s’organisent dans les régions. Sur le plan international, c’est vrai, le Sénégal n’a rien fait au niveau des jeunes.
Pourquoi ?
C’est toujours le même problème ; il n’y a pas de moyens. La fédération n’a pas les moyens de faire sa politique sportive. Notre souhait est de faire le maximum de compétitions sur les deux plans au niveau de la direction technique nationale. Et à chaque fois que nous avions les moyens d’organiser quelque chose, nous le faisions. Chaque année, on élabore un programme qui fixe les compétitions nationales et internationales. Mais, c’est dans l’exécution du programme où se situe le gros problème. Maintenant, la fédération doit trouver des moyens additionnels. Si on prend l’exemple de l’Angola, certes il y a l’Etat qui suit derrière, mais il y a d’autres moyens additionnels qui leur permettent de parfaire leur basket.
Le basket sénégalais ne souffre-t-il pas d’un problème d’homme ?
Jugez-en vous-même. Dans toute œuvre humaine, il y a des imperfections.
Avez-vous des regrets ?
Mon seul regret, c’est d’avoir perdu la finale. Sur toute ma démarche, j’ai été logique avec moi-même. En âme et conscience, s’il fallait recommencer, j’allais le refaire. Mais, il y a quelque part où j’ai failli.
A quel niveau ?
Je suis en train de voir. Forcément, il y a eu des erreurs. Pour arriver à un bon niveau de performance, il faut faire moins d’erreurs. Peut-être sur le plan des structures, de ma façon de jouer, de la réponse que j’attendais de mes joueuses et qui n’a pas eu de retour…
Pensez-vous avoir une part de responsabilité dans la défaite du Sénégal face au Mali ?
Je me sens coupable. Je suis coupable d’avoir joué et perdu la finale.
Et vos responsabilités en qualité de directeur technique national après la déroute des Lions en Angola ?
(Enervé) Je suis là en tant que coach des Lionnes, donc je ne vous répondrai que sur cette question. (Ferme)
Pourquoi avoir accepté de rester sur le banc de touche après votre rupture du tendon d’Achille gauche. Ce choix n’a-t-il pas handicapé votre équipe ?
Si mon accident était arrivé deux mois avant, je n’allais pas être sur le banc. Il se trouve qu’on formait déjà une équipe. J’ai tout fait dans cette équipe. La préparation, la sélection… J’ai cherché à travailler autour d’une équipe. Et à l’ultime phase de la préparation, je me suis blessé. Mais on m’a fait un traitement qui m’a permis de ne pas quitter l’équipe. Il fallait voir l’état d’esprit du groupe. Je ne pouvais pas les abandonner à cet instant. On ne pouvait pas amener quelqu’un d’autre. Si quelqu’un dit que je suis resté pour une toute autre raison, c’est de mauvaise foi.
Et votre adjoint, Dame Diouf, ne pouvait-il pas prendre les destinées de l’équipe ?
L’adjoint aussi avait besoin que je sois près de l’équipe. Si j’avais confié l’équipe à mon adjoint, il y aurait eu une cassure. J’étais là tous les jours, mais c’est lui qui faisait le boulot avec les filles. J’aurai aimé être sur mes deux jambes. N’empêche je n’ai raté aucune séance d’entraînement.
(Nuancé) Quand je suis assis, je ne vis pas le match ! Tout le monde le sait. C’est pour cela que de temps en temps, j’ai voulu me lever pour vivre le match. C’est important la relation coach-joueurs.
Comment voyez- vous l’avenir de cette équipe ?
Sûrement que certaines vont partir. Mais, on a un très bon potentiel. Nous avons essayé de faire un bon travail. C’était jusqu’au championnat d’Afrique. Nous avons raté l’objectif principal, mais d’un autre côté, tout n’a pas été négatif. Il y a une base et beaucoup de jeunes joueuses qui pouvaient avoir leur place dans cette équipe. Je demeure optimiste sur l’avenir du basket féminin sénégalais. Ce que je déplore, c’est qu’à chaque fois qu’il y a un échec, les gens tirent sur tout le monde. On réclame des têtes, le départ des joueurs âgés… Avec une telle politique, ce sera un éternel recommencement. J’ai tout fait pour le développement de mon basket. Je ne le dis pas pour rester éternel à ce poste. Je crois en l’avenir de cette équipe. Le Sénégal est capable encore de faire ce que le Mali a fait ici. On l’a fait plusieurs fois. Et on est toujours en mesure de le refaire.
Quelle appréciation faites vous de l’organisation ?
Honnêtement, je ne peux pas répondre à cette question.
L’organisation n’a aucunement affecté la préparation de votre équipe?
Tout au début oui, parce que le stadium n’était pas prêt. On n’a pas pu disposer du stadium pendant suffisamment de temps, avant le démarrage de la compétition. Au moins durant les dix jours qu’on est resté à Dakar après notre préparation en France. On aurait pu également jouer deux matches. Mais, franchement, je ne vais pas revenir sur cela.
Quels ont été les moments les plus difficiles ?
C’est à chaque fois que je devais faire le choix de mes joueuses. Que ce soit à Dakar ou en France, c’était des moments difficiles. Vivre en équipe durant une période et se séparer de la personne, ce n’est pas facile. Il y a aussi les ratages sur les programmes de préparation, les tout premiers jours de ma blessure et bien évidemment la finale.
Et les moments de communion ?
C’était à chaque fois qu’on gagné un match. J’étais soulagé, parce que les gens nous ont mis beaucoup de pression durant cette compétition. Malgré que nous gagnions nos matches, les gens n’étaient pas contents.
D’aucuns pensent que si vous aviez perdu en match de poule face au Mali, la finale aurait été plus facile pour le Sénégal.
Si nous avions concédé une défaite lors des matches de poules, contre le Mali, peut-être, on aurait pu remporter le titre (rires). Cela nous a réussi aux Jeux africains d’Alger. On a perdu un match et on gagné la finale. A la francophonie, on a perdu un match. A Abuja, c’était aussi le cas.
Cela aurait pu être une option.
(Rires) Non ! Non ! Je ne suis pas dans cette logique. Il y a en qui le font. Mais je ne crois pas que l’entraîneur du Mali (José Ruis) ait adopté une telle démarche contre nous. Entre le Mali et le Sénégal, il y a toujours cette rivalité de pays voisin.
Comment avez-vous trouvé le niveau de la 20e édition de la Can 2007 ?
Le niveau a été plus élevé que celui de la dernière Can. Nous avons noté la progression de certaines équipes. Le Mali est venu avec un très bon niveau. Même le Sénégal a eu un niveau beaucoup plus performant que lors des Jeux africains d’Abuja. Nous avons vu des équipes comme l’Angola et surtout le Mozambique. C’est une équipe qui a fléchi vers les demi-finales. Elle était épuisée. Elle a fourni beaucoup d’efforts contre le Sénégal.
La grosse déception restera sûrement le Nigeria.
C’est, en effet, la grosse déception. Le Nigeria a cherché à revenir. Mais, sans sa meilleure joueuse Udoka (Mfon) qui n’était pas au meilleur de sa forme, le Nigeria n’a pas pu exprimer sa vraie valeur. Tout le jeu du Nigeria reposait sur cette joueuse qui n’a rejoint l’équipe qu’au dernier moment. Cela les a perturbées. Personnellement, tant que je serai à la tête de l’équipe nationale, je refuserai que l’équipe repose sur une seule personne. Par contre, il peut y avoir une joueuse qui sort du lot.
Comme qui par exemple, chez les Lionnes ?
Ndèye Ndiaye a les dispositions pour être leader dans ce groupe. Sur le plan du jeu, on peut penser à Aya Traoré. Mais sur le plan mental, il reste encore à faire.
Pensez-vous que sans Hamchétou Maïga le Mali ne pourra pas jouer les grands rôles ?
Hamchétou reste le leader de l’équipe malienne. Elle a su faire la différence quand il le fallait. Mais, il y a aussi le fait que le Mali a un bon collectif. Il y a combien de joueuses de grande taille dans cette équipe ? A côtés aussi, il y a des joueuses extérieures. Certes Hamchétou constitue un bon pourcentage, mais si le Mali continue à travailler, on devrait voir d’autres Hamchétou Maïga dans cette équipe.
Quelles sont les perspectives ?
J’attends de faire un bilan. Je n’ai pas encore parlé avec mes collègues, ni avec l’instance fédérale… C’est à ce moment-là que je pourrai avoir une meilleure orientation sur les perspectives de l’équipe nationale. Ce qui est certain, c’est que je suis toujours au service du basket sénégalais et je le serai toujours. C’est vrai que nous devons nous qualifier pour les préliminaires des Jeux Olympiques de Pékin 2008. La compétition est prévue en juin. On va songer d’ici là à une meilleure préparation. Pourquoi pas organiser un tournoi à Dakar ou aller chercher notre revanche au Mali chez lui (rires). C’est une équipe qui sera également en préparation pour les Jeux Olympiques.