Manute Bol ici avec son coéquipier Mugsy Bogues de
Un soudanais à Washington
Qui aurait pu imaginer qu’un géant de 2m30, promis a la succession de son père, chef de la tribu Dinka au Sud Soudan, arriverait un jour sur le sol américain, une valise à la main pour... jouer au basket !!! C’est pourtant bien ce qui s’est passé quand, repéré on ne sait comment par des recruteurs de l’université de Bridgeport (Connecticut), Manute Bol débarque au pays de l’Oncle Sam en 1984. Le scénario est digne d’un "Prince à New-York" et des "Dieux sont tombés sur la tête" réunis car Manute ne lit, ni même ne parle un seul mot d’anglais. Mais surtout, plus problématique pour son nouvel emploi... il n’a quasimment jamais touché un ballon orange de sa vie !!! Pourtant son entraîneur de l’époque, Bruce Webster, est enthousiaste : "Manute a les bras les plus longs du monde : il peut faire des miracles avec !!!". Et le pire (ou plus exactement le meilleur), c’est qu’il a raison : après un bref passage dans une ligue mineure, il est drafté par l’équipe NBA de Washington. Si Manute Bol est absolument transparent en attaque (manque de technique, de vivacité et de kilos obligent), il est en revanche redoutable en défense où ses longs segments terrorisent les pivots adversaires : il parvient au total de 397 contres dès sa première année (soit près de 5 contres par match) : un record pour un "rookie". Il devient alors un pivot légendaire. Pas seulement pour cette performance statistique, mais surtout parce-qu’il suscite les rumeurs les plus folles : il aurait déjà tué un lion !!!
Malheureusement, Manute Bol ne parvient pas à véritablement s’imposer en NBA : son art du contre ne lui permet pas de poser ses valises définitivement dans une équipe de haut de tableau. Il bourlingue alors de Washington à Milwaukee, en passant par Miami ou Philadelphie où il ne joue plus que quelques minutes par match. Sa fin de carrière s’effectue en 1995 dans un certain anonymat (si tant est qu’on puisse faire 2m30 et rester anonyme), mais avec des contrats toujours lucratifs.
Il décide alors de rentrer au pays. Mauvaise idée...
Un sans papier qui ne passe pas inaperçu
Car pendant ce temps là, au Soudan, c’est la guerre civile : le gouvernement islamique multiplie les atrocités contre le Sud Soudan, majoritairement chrétien : près de 2 millions de personnes laisseront leur vie dans un conflit dont on n’a jamais parlé. Et Manute a dépensé sans compter pour soutenir les rebelles chrétiens : 3,5 millions de dollars environ !!! Quand il se décide à rentrer, persuadé de participer à des négociations pour un accord de paix, il est dupé par le gouvernement qui lui avait promis le poste de ministre des sports. En fait, on exige de lui qu’il se convertisse à l’islman. Devant son refus, on lui confisque ses papiers. Il est ruiné, sans papiers, et souffre d’une forme d’arthrite particulièrement douloureuse. Il cherche alors à revenir aux USA en passant par l’Egypte.
Malheureusement pour lui, le 11 septembre est passé par là et les autorités américaines sont pointilleuses. Ce n’est pas tellement son cas personnel qui pose problème (Manute est déjà connu aux USA), mais celui de sa demi-sœur de 10 ans, Acheed, qu’il a ramenée du Soudan. Bol n’a pas de papiers prouvant qu’il est son tuteur légal. A cause de cela, il ne peut obtenir de visas pour lui, sa femme Ajok et son fils de 2 ans. Après des démarches longues et difficiles auprès de l’ambassade américaine, il parvient cependant à rejoindre Washington en compagnie de toute sa famille. Il va continuer d’y aider son peuple... d’une manière surprenante.
Les jeux du cirque
Enfin de retour aux Etats-Unis, il fonde la Ring True Fondation, destinée à aider les enfants du Sud Soudan. Pour financer celle-ci, il accepte des propositions qui dépassent l’entendement : dans le cadre du Celebrity Boxing Show de la Fox TV, il affronte en combat singulier, William " The Refrigerator" Perry, ancien défenseur vedette des Chicago Bears (football américain). Un spectacle télé grâce auquel il empoche la bagatelle de 35 000 dollars. Mais surtout, il devient le plus grand joueur de hockey de l’histoire en signant un contrat avec les Indianapolis Ice, équipe d’un championnat mineur américain. Il ne foule jamais la glace (même si on a dû lui confectionner des patins sur mesure, taille 53 fillette), mais l’essentiel est ailleurs : ce nouveau coup médiatique lui asure désormais un revenu de 350 dollars par semaine.
Mais Manute ne fait pas que "gesticuler" : il prononce également un discours au Congrès américain sur la guerre civile au Soudan et c’est en partie grâce à lui qu’un accord de paix a été trouvé en juillet 2002 entre le gouvernement musulman et les rebelles chrétiens : le Sud Soudan est désormais autonome et, à l’issue d’une période transitoire de 6 ans, un référendum devrait décider de son indépendance.
Quant à Manute, intermittent du spectacle, il compte désormais sur le battage qu’il suscite pour patienter pendant les quelques années qui le séparent de l’âge où il deviendra éligible à la pension confortable d’un ancien joueur NBA.
Une retraite bien méritée...
Qui aurait pu imaginer qu’un géant de 2m30, promis a la succession de son père, chef de la tribu Dinka au Sud Soudan, arriverait un jour sur le sol américain, une valise à la main pour... jouer au basket !!! C’est pourtant bien ce qui s’est passé quand, repéré on ne sait comment par des recruteurs de l’université de Bridgeport (Connecticut), Manute Bol débarque au pays de l’Oncle Sam en 1984. Le scénario est digne d’un "Prince à New-York" et des "Dieux sont tombés sur la tête" réunis car Manute ne lit, ni même ne parle un seul mot d’anglais. Mais surtout, plus problématique pour son nouvel emploi... il n’a quasimment jamais touché un ballon orange de sa vie !!! Pourtant son entraîneur de l’époque, Bruce Webster, est enthousiaste : "Manute a les bras les plus longs du monde : il peut faire des miracles avec !!!". Et le pire (ou plus exactement le meilleur), c’est qu’il a raison : après un bref passage dans une ligue mineure, il est drafté par l’équipe NBA de Washington. Si Manute Bol est absolument transparent en attaque (manque de technique, de vivacité et de kilos obligent), il est en revanche redoutable en défense où ses longs segments terrorisent les pivots adversaires : il parvient au total de 397 contres dès sa première année (soit près de 5 contres par match) : un record pour un "rookie". Il devient alors un pivot légendaire. Pas seulement pour cette performance statistique, mais surtout parce-qu’il suscite les rumeurs les plus folles : il aurait déjà tué un lion !!!
Malheureusement, Manute Bol ne parvient pas à véritablement s’imposer en NBA : son art du contre ne lui permet pas de poser ses valises définitivement dans une équipe de haut de tableau. Il bourlingue alors de Washington à Milwaukee, en passant par Miami ou Philadelphie où il ne joue plus que quelques minutes par match. Sa fin de carrière s’effectue en 1995 dans un certain anonymat (si tant est qu’on puisse faire 2m30 et rester anonyme), mais avec des contrats toujours lucratifs.
Il décide alors de rentrer au pays. Mauvaise idée...
Un sans papier qui ne passe pas inaperçu
Car pendant ce temps là, au Soudan, c’est la guerre civile : le gouvernement islamique multiplie les atrocités contre le Sud Soudan, majoritairement chrétien : près de 2 millions de personnes laisseront leur vie dans un conflit dont on n’a jamais parlé. Et Manute a dépensé sans compter pour soutenir les rebelles chrétiens : 3,5 millions de dollars environ !!! Quand il se décide à rentrer, persuadé de participer à des négociations pour un accord de paix, il est dupé par le gouvernement qui lui avait promis le poste de ministre des sports. En fait, on exige de lui qu’il se convertisse à l’islman. Devant son refus, on lui confisque ses papiers. Il est ruiné, sans papiers, et souffre d’une forme d’arthrite particulièrement douloureuse. Il cherche alors à revenir aux USA en passant par l’Egypte.
Malheureusement pour lui, le 11 septembre est passé par là et les autorités américaines sont pointilleuses. Ce n’est pas tellement son cas personnel qui pose problème (Manute est déjà connu aux USA), mais celui de sa demi-sœur de 10 ans, Acheed, qu’il a ramenée du Soudan. Bol n’a pas de papiers prouvant qu’il est son tuteur légal. A cause de cela, il ne peut obtenir de visas pour lui, sa femme Ajok et son fils de 2 ans. Après des démarches longues et difficiles auprès de l’ambassade américaine, il parvient cependant à rejoindre Washington en compagnie de toute sa famille. Il va continuer d’y aider son peuple... d’une manière surprenante.
Les jeux du cirque
Enfin de retour aux Etats-Unis, il fonde la Ring True Fondation, destinée à aider les enfants du Sud Soudan. Pour financer celle-ci, il accepte des propositions qui dépassent l’entendement : dans le cadre du Celebrity Boxing Show de la Fox TV, il affronte en combat singulier, William " The Refrigerator" Perry, ancien défenseur vedette des Chicago Bears (football américain). Un spectacle télé grâce auquel il empoche la bagatelle de 35 000 dollars. Mais surtout, il devient le plus grand joueur de hockey de l’histoire en signant un contrat avec les Indianapolis Ice, équipe d’un championnat mineur américain. Il ne foule jamais la glace (même si on a dû lui confectionner des patins sur mesure, taille 53 fillette), mais l’essentiel est ailleurs : ce nouveau coup médiatique lui asure désormais un revenu de 350 dollars par semaine.
Mais Manute ne fait pas que "gesticuler" : il prononce également un discours au Congrès américain sur la guerre civile au Soudan et c’est en partie grâce à lui qu’un accord de paix a été trouvé en juillet 2002 entre le gouvernement musulman et les rebelles chrétiens : le Sud Soudan est désormais autonome et, à l’issue d’une période transitoire de 6 ans, un référendum devrait décider de son indépendance.
Quant à Manute, intermittent du spectacle, il compte désormais sur le battage qu’il suscite pour patienter pendant les quelques années qui le séparent de l’âge où il deviendra éligible à la pension confortable d’un ancien joueur NBA.
Une retraite bien méritée...