L’hôpital moderne Biamba Mutombo sera inauguré le 2 septembre 2006
La maquette de l'hopital
Quand il était petit, à Kinshasa, il voulait être médecin. Septième d’une fratrie de dix, au niveau de vie modeste, il a débarqué aux Etats-Unis à l’âge de 21 ans, titulaire d’une bourse pour étudier la médecine à la Georgetown University de Washington.
Là, il a été remarqué par un entraîneur de basket qui l’a lancé sur les parquets, le propulsant dans les grands clubs des Etats-Unis, Denver, Atlanta, Philadelphie, New Jersey, New York, Chicago et Houston, lui faisant gravir les marches des podiums. Il est sacré quatre fois meilleur défenseur de la NBA, huit fois meilleur joueur All-Star et empoche désormais deux millions de dollars par an.
Dikembe Mutombo ne serait pas médecin mais fleuron du basket américain. «C’était toujours dans ma tête: si un jour je devenais quelqu’un, je voulais aider à mon tour, car je ne suis pas arrivé là par ma seule volonté», dit-il à l’AFP.
De sa voix rauque, le Congolais aime répéter le proverbe africain : «Lorsque tu prends l’ascenseur pour atteindre les sommets, n’oublie pas de le renvoyer en bas, afin que d’autres puissent également monter très haut». L’hôpital, «c’est ma manière de renvoyer l’ascenseur», dit-il.
Son voeu deviendra réalité le 2 septembre, au terme de près de dix ans d’efforts, à l’inauguration à Kinshasa d’un hôpital de 300 lits, «le premier à ouvrir en près de 40 ans», aime-t-il à dire. «C’est un grand cadeau de la vie que je veux donner à mes frères et soeurs».
Car, Dikembe Mutombo, 40 ans, l’a financé de sa poche pour près de la moitié : 15 millions de dollars pour un budget total de 29 millions. Le reste a été financé par sa fondation, créée en 1997, et par des dons. Mais il manquera encore 8 millions de dollars pour la troisième phase du projet, la maternité et le service pédiatrique.
DES SALAIRES EN TEMPS
Des médecins étrangers et congolais ont été recrutés, d’autres seront à leur tour formés sur place, «vous serez payés en temps et en heure», dit-il, en invitant les spécialistes occidentaux à rejoindre l’établissement. «Il sera aussi moderne, aussi beau qu’en Amérique», promet-il.
L’établissement porte le nom de la mère du joueur, Biamba Mutombo, décédée en pleine guerre civile dans l’ex-Zaïre, car «elle n’a pas pu recevoir de soins».
«De nombreux Congolais meurent inutilement chaque jour en raison du manque d’accès aux soins et à la médecine moderne», s’insurge ce père de sept enfants, dont quatre neveux adoptés.
«L’Afrique est un continent oublié», accuse-t-il, un enfant sur cinq n’atteint pas son 5e anniversaire et «les gens continuent de mourir de la malaria, la maladie des pauvres», dit-il, les yeux embués.
Comme il le fait dans sa ville d’Atlanta (sud), Dikembe Mutombo, ambassadeur de bonne volonté à l’Onu, se rend aussi dans d’autres pays d’Afrique au nom de «basket-ball sans frontières» pour apporter aux adolescents une formation sportive mais aussi leur apprendre «à se protéger du sida et à évoluer dans la vie». Il parle neuf langues et chausse du 54. Alors quand il arpente les pistes africaines, on le «prend pour quelqu’un venu de l’espace».
«Les gens s’interrogent: qu’est-ce qu’il y a derrière tout çà. Ils se demandent si je fais ma promotion, si je veux être président», raconte Dikembe Mutombo, alors que viennent de se tenir en RDC les premières élections démocratiques et libres en plus de quarante ans.
«Il n’y a jamais eu d’homme politique dans ma famille», dit-il tout sourire, et «comme mon père dit toujours: n’essaie pas d’être le premier ni le dernier».
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