Sous ses impatiences, l’ambitieuse de province a croqué dans la gloire en accéléré. En 4 ans d’existence, l’Us Louga aura été trois fois finaliste, en troisième, deuxième et première division. Si elle a remporté les deux premières, sa première finale de Coupe du Sénégal, ce dimanche au Stadium Maruis Ndiaye contre la Douane, apparaît bien comme la plus difficile de toutes. Un duel face à un fieffé orgueilleux, révolté par sa faillite en finale de Play-off, pourrait parer de nuits blanches le sommeil des Lougatois. Mais il paraît que Ndiouga Diagne et ses partenaires dorment bien : «On va mettre le paquet pour remporter la coupe», harangue le capitaine de l’Usl. Quitte à carboniser les étoiles, il dit croire en ses coéquipiers pour aller toucher la lune et envoyer tout Louga au ciel. L’honneur d’une finale de coupe du Sénégal est perçu ici comme une chance à saisir. Une chance presque unique, comme un train de gloire qui ne repassera si tôt dans les environs. Et l’Usl compte bien happer sur cette opportunité rêvée d’offrir un coup de pinceau doré au palmarès.
L’équipe de Louga a beau remporter ses deux premières finales à des niveaux différents (D2, D3), il reste qu’elle a été battue à l’aller comme au retour du championnat D1 par l’As Douanes, son adversaire en finale. Quoi qu’il advienne alors, l’adage «jamais deux sans trois» mentira ou se confirmera dimanche soir. A Louga, on lui prêtera volontiers un mensonge. Le regard rivé sur les confrontations passées, Ndiouga Diagne, capitaine de l’Usl, tente d’exorciser un passé peu réconfortant dans l’optique du duel final pour «Dame Coupe» : «La première défaite lors de la deuxième journée à Louga trouve une explication dans le fait que les débuts d’une équipe en première division sont toujours difficiles. La preuve en est que nos quatre premiers matches se sont soldés par des défaites, ce qui ne semblait pas anormal. Au retour à Dakar, malgré la victoire de la Douane, on a fait une très bonne prestation, un de nos meilleurs matches. Et cela, malgré le fait d’être resté un mois sans jouer. C’était dû à une interruption observée dans le championnat pour permettre aux équipes de Dakar de jouer leurs coupes.»
Plus que cela, il y a une sorte d’ironie, de celles que seul le sport peut donner à voir, qui plane sur le face-à-face de dimanche. Si l’équipe de Bopp est la seule victorieuse par deux fois de la Douane cette saison, elle a été battue à trois reprises par l’Us Louga, à l’aller comme au retour du championnat, et en coupe du Sénégal. Un aperçu du potentiel d’une formation lougatoise, sortie de nulle part sinon des contradictions internes du Ndiambour, qui s’est classée septième sur onze en championnat (9 victoires, 13 défaites). Des résultats qui suffisent à assurer l’objectif proclamé en début de saison de se maintenir en première division, un niveau que la deuxième équipe de Louga a découvert cette année seulement. Mais, ce n’est pas le cas pour certains de ses joueurs, une bande de copains qui ont déserté le Ndiambour pour s’autoriser un autre destin. ATOUTS
Car l’amitié a été le ciment de la belle histoire actuelle de l’Us Louga, l’atout majeur de l’équipe, le terreau de cette accession historique à la fête finale du basket sénégalais. «Chaque jour, nous sommes ensemble, pour discuter et prendre du thé. L’autre atout, c’est que le basket est dans nos cœurs. Nous laissons même parfois nos tâches professionnelles de côté pour venir nous investir pour le club, et sans prime de match, encore moins être payés. Nous sommes notre propre motivation. Et ainsi, c’est très difficilement qu’une équipe nous bat», théorise Ndiouga Diagne. «Par cette manière, nous sommes en regroupement permanent», renchérit l’entraîneur, Malick Bachir, pour qui la principale force de son équipe réside dans l’adhésion, la complémentarité et la cohésion des joueurs. C’est dire aussi qu’un des points forts de cette équipe, c’est aussi de savoir miser sur le bloc, même s’il faut compter avec des joueurs d’expérience comme Massa Keïta, ancien du Ndiambour et meneur-vedette de l’équipe.
Malgré des débuts cahoteux en première division, l’Usl était même tentée de camper le savoureux rôle de trouble-fête, parvenant à se hisser à la deuxième place après la onzième journée. «C’est pour dire que, même si l’objectif était le maintien, on avait envisagé à un moment donné de figurer parmi les quatre premiers pour jouer les « play off «. Mais, à un bout de temps, comme nous avons un effectif réduit de 13 à 14 joueurs, les blessures et le cas de certains qui étudiaient ou enseignaient hors de Louga nous ont porté préjudice. Par la suite, sentant que les «play off « étaient compromis, nous avons tout investi sur la coupe du Sénégal», justifie l’entraîneur. Pour qui la Douane est la meilleure équipe actuelle du Sénégal. Et la première qualité qu’il lui trouve, c’est sa rapidité d’éxecution. Cependant, ne voulant pas trop s’épancher sur les forces et faiblesses de l’adversaire, il estime que l’Usl, mal prise par les équipes de Dakar au début, compte aussi ses atouts. «Contre l’Usl, la Douane rencontrait pour la première fois de la saison une équipe qui n’a pas pris au moins une raclée de 70 points. Nous en avions pris 54», rappelle-t-il, faisant allusion à leur opposition en championnat. Et pour dimanche prochain, «fair-play» et «fighting» semblent être, à ses yeux, la source du bonheur rêvé. «S’ils sont dans de très bonnes conditions, ils peuvent battre n’importe quelle équipe. Nous avons les possibilités pour battre la Douane. En plus, je n’aime pas qu’on me batte», glisse Bachir, préoccupé de ramener le trophée qui manque tant à Louga.
UN AVENIR PROMETTEUR
Mais une soirée dominicale infertile n’empêchera la balle orange de s’offrir encore quelques rebonds heureux à Louga. Le basket-ball a propagé son virus heureux dans cette ville qui lui a longtemps été réfractaire. Malick Bachir : «Il y a de cela 6 ans, le Ndiambour (dont il est un ancien joueur) recrutait 13 à 14 joueurs hors de la ville. Actuellement, Louga compte deux équipes en première division, aucun joueur n’a été recruté à l’extérieur et l’Usl est en finale», se réjouit-il. Non sans se faire prophète : «Dans quatre ans, le basket-ball va se déplacer de Dakar pour venir à Louga, que ce soit masculin ou féminin.» En attendant, Bachir et ses hommes seront aux anges s’ils récoltent, dès ce dimanche, les premiers fruits de cette nouvelle dévotion.