Maguette DIOP Coach des lionnes
Coach, vous venez de terminer le premier tour du tournoi de basket des ces 9e Jeux d’Alger. Quel bilan en tirez-vous ?
Les débuts sont un peu difficiles, parce que nous n’arrivons pas à trouver du rythme. Les conditions de récupération ne sont pas faciles, car les matches s’enchaînent. N’empêche, ce qui est valable pour le Sénégal l’est aussi pour les autres. Maintenant, les équipes les mieux préparées vont tenir le coup. Aussi, les équipes qui peuvent faire de la rotation sur le banc seront à l’abri. Dans l’ensemble, et à part le faux pas contre le Nigeria, l’équipe s’améliore petit à petit. Mais, le problème est que le jeu des filles continue de connaître des déchets surtout dans le premier quart temps. Ce qui explique nos débuts de match assez poussifs. On a été gêné par l’équipe adverse. On a été un peu timoré, mais on a bien négocié le troisième quart. Nous allons essayer de corriger tout cela pour essayer d’avoir le même tempo durant tout le match, c’est-à-dire bien démarrer et bien terminer.
Vous avez joué en roue libre face au Kenya en vous donnant même le luxe de faire la revue des troupes. Comment appréciez-vous, globalement, la qualité de vos joueurs ?
Aujourd’hui, les filles ont toutes joué avec des temps de jeu considérables. Cela m’a permis de voir leur réaction sur le terrain, leur capacité de réagir quand le match est serré, quand il y a une large victoire. Il y a certaines qui ont fait une bonne réaction, alors que d’autres ont réagi timidement. Cela m’a permis de reposer des joueuses telles que Salimata Diatta et Diodio Diouf, pour que d’autres (Ndagou Paye, Magatte Sarr , Ndèye Sène, Adama Diakhaté et Fatou Dieng) prennent du temps de jeu. On ne pensait pas avoir un match facile, mais finalement nous avons pu tourner notre effectif en utilisant tout le banc, une manière de permettre à certaines de bien récupérer.
Demain (Ndlr : aujourd’hui) on entame le deuxième tour. Comment voyez-vous les quarts de finale ?
Nous allons prendre les rencontres match par match. Certes, d’aucuns disent que la Poule B est plus difficile que la poule A, mais je n’entre pas dans cette analyse-là. Les phases finales se jouent sur un match et il faut les prendre au sérieux, car c’est sûr que ce ne sera pas facile. Et je n’ai pas de préférence puisque nos potentiels adversaires ont chacun des avantages.
L’Algérie joue chez elle et comme vous le savez, il est toujours difficile de jouer une équipe à domicile, quel que soit son niveau. La République démocratique du Congo (Rdc) aussi est en train de revenir sur le plan africain, elle a l’habitude des grandes compétitions. C’est dire que les matches ne seront pas faciles.
Quels sont les secteurs à améliorer pour mieux aborder les quarts de finale ?
Il faudrait qu’on améliore notre adresse, nous manquons de réussite dans les tirs. Mais, il faut savoir que l’adresse est un problème de sérénité, un état d’esprit et de tranquillité. Il faut que les joueuses soient mieux concentrées pour tirer au moment opportun. Il ne faudrait pas qu’elles tirent n’importe comment. Donc, il faut les conscientiser davantage. L’autre aspect, c’est la défense surtout à l’intérieur du panier. Il faut qu’on se perfectionne sur la rotation des intérieures. C’est important ! Certaines équipes nous dominent sur le plan de la taille sur le plan du gabarit. Si nous voulons les gagner il faut qu’on rectifie notre jeu intérieur. Il y a, enfin, le rebond défensif. On a de la peine à prendre des rebonds défensifs. Si on les prend, nous avons de la peine à les acheminer ou à les lâcher vite. Ce n’est pas intéressant de prendre le rebond et de ne point développer l’attaque, parce qu’on est pris au niveau du double marquage.
Certaines joueuses peinent à suivre le rythme, alors vous dites que votre jeu est basé sur la rapidité. Il y a là un paradoxe…
Notre stratégie est, certes, d’aller vite en attaque, mais si on se rend compte que certaines filles peinent à suivre le ballon, il faut les amener à suivre le rythme. Peut-être que c’est un déficit physique, mais cela n’est pas général. Je maintiens que notre stratégie demeure un jeu rapide. A défaut maintenant, il faut qu’on puisse poser le jeu pour pouvoir décaler des positions idéales de tir.
Comment expliquez-vous que le Sénégal ait mieux joué contre la Tunisie (77-55) et le Kenya (69-45) qui ont pourtant donné du fil à retordre au Nigeria ?
Le Nigeria a un jeu physique et contre le Kenya ce jeu physique ne paie pas. Il faut montrer une efficacité et c’est ce que nous avons dit à nous filles. Certes, il y a des duels en défense où il faut résister, mais une fois que cela est fait, il faut développer le jeu. Contre la Tunisie, le Nigeria a été gêné, parce que les tunisiennes ont été beaucoup plus habiles. Par contre, nous avons su nous battre et dérouler notre jeu basé sur la rapidité.
Le Sénégal perd trop de balles sous la raquette, comment y remédier ?
Nous avons essayé, chaque fois, de stopper le Nigeria et le Kenya qui ont un bon jeu intérieur. Nous nous attelons à réduire les potentialités de tirs de nos adversaires, et à faire en sorte qu’elles tirent moins de l’extérieur. C’est ce que nous avons fait en créant des dédoublements sur les pivots, et cela nous a réussi, mais il faut reconnaître que nous avons peiné dans la relance.
Quelle est la forme, actuelle, de vos joueuses ?
Au plan physique ça va, mais il y a quelques petits bobos. Anta Sy a une entorse au niveau des doigts qui lui fait mal. Cela ne l’empêche pas de bien jouer depuis avant-hier. Sur le plan physique j’avais des inquiétudes, elles ne sont pas physiquement prêtes et après avoir fourni des efforts, il faut un temps de récupération. Et dans ce genre de compétition on ne récupère pas assez. Compte tenu des conditions d’hébergement, il reste à améliorer le niveau physique.
Quelle est la place des Jeux africains dans la préparation de l’équipe pour la prochaine Can, en septembre, à Dakar ?
Il y a de la nécessité de s’améliorer quelque soit le rendement, quelque soit le niveau et la cadence des rencontres. Certes, on a des filles comme Salimata Diatta et Bineta Diouf qui sont physiquement prêtes, mais les autres ont besoin de plus de condition physique. Cependant, ces jeux sont un bon test pour la Can, dès lors qu’il y a des équipes qui logent dans notre poule et qu’on a largement gagné. Cela est motivant, et le fait de rencontrer le Mali et la Tunisie nous a donné une grosse envie de travailler davantage. Dans notre poule, on a déjà le Mali et la Tunisie, il fallait prendre le pouls de ces équipes-là, et leur mettre la pression avant leur venue à Dakar, et les gagner largement. Même s’il faut constater que toutes ces équipes n’ont pas amené leurs meilleurs éléments. En face, dans la poule A, il fallait voir l’état de forme des autres équipes, telles que la Côte d’Ivoire, pour se donner une idée de ces formations avant les championnats d’Afrique. Je pense que la Coupe d’Afrique commence içi. Si nous gagnons largement face à nos prochains adversaires «dakarois», cela nous permet de leur mettre la pression. Par contre, si on se fait talonner, elles viendront à Dakar avec un sursaut d’orgueil ou un état d’esprit gonflé à bloc, et cela je ne le souhaite pas (rire).