TAPHA GAYE, COACH DES LIONNES, SOLDE SES COMPTES : «Les gens ont manqué de loyauté»

L’ambiance ? : «Elle était délétère»
«Nous avons tiré les enseignements de la campagne. Si on doit continuer avec cette équipe, nous allons travailler autrement. Tout n’a pas été bon parce qu’à un certain moment, les gens ont manqué de loyauté. Dans une mission, chacun doit savoir son rôle. Je donne l’exemple de l’intendant qui, dans la réunion d’évaluation, a dit : «Coach, je suis désolé, vous auriez pu me demander mon avis parce que j’ai fait 20 ans de professionnalisme en France.» Nous avons travaillé avec des gens qui étaient à côté et qui souhaitaient qu’on leur demande leur avis. Je dis non. Je ne demande que l’avis de mon encadrement technique. Je prends des décisions et je les assume après. C’est dans cette ambiance que nous avons travaillé, il y avait de la suspicion partout, de l’espionnage, des gens qui racontaient des histoires au président Baba Tandian. Nous avons travaillé dans une atmosphère délétère. Confusion de rôle, il n’y avait pas de discipline encore moins d’organisation dans la délégation. C’est dommage, mais il faut assainir l’environnement de l’Equipe nationale. J’étais au regret de constater tous les soirs, tard dans la nuit, Fatou Dieng, Mame Marie Sy ou Néné Diamé ramasser les maillots pour les laver, attendre que ça sèche pour les ramener dans les chambres. C’est un manque d’organisation. Il y a des gens habilités à le faire.»

Libération de Didio ? : «Une décision prise en toute souveraineté»
J’ai en mémoire le cas Ndèye Sène qui, l’année dernière, pour des dérives administratives a perdu son contrat en Roumanie. N’eût été le Saint basket club avec son président qui lui a trouvé du travail, Ndèye Sène aurait été dans la dèche. En quittant la Suisse, Diodio n’avait pas encore signé son contrat. Elle a voulu saisir son club et faire la signature par le Net, mais le club a refusé prétextant que tout le monde était en vacances. Il n’y a personne au secrétariat pour régler le problème, il faut qu’elle aille jouer son match du 25 septembre si elle ne veut pas perdre son contrat. Les Suisses savaient que si Diodio signe son contrat, elle est protégée par les règles de la Fiba et pourrait aller faire son Championnat du monde tranquillement sans anicroches. Les Suisses ont joué sur les règles. Didio fait partie de nos éléments clés, nous avons besoin d’elle pour 2011. Est-ce qu’il fallait la laisser partir et ne pas la mettre sur la liste des 12 pour le mondial ? Est-ce qu’il fallait l’intégrer dans les 12 au risque de perdre un ou deux matchs et la garder dans le groupe dans l’optique 2011 ? Nous, le staff, avons pris la deuxième option. C'est-à-dire qu’elle reste avec nous pour jouer le premier match contre la France, elle va en Suisse pour jouer son match, signer son contrat et  nous rejoindre pour les deux autres matchs contre la Chine et le Mali. C’est une décision que nous avons prise en toute souveraineté. En rapport avec le Directeur technique Ousseynou Ndiaga Diop qui était bel et bien informé, en rapport avec la fédération. C’est une des raisons qui ont fait que nous sommes partis avec trois meneuses en sachant que Diodio va s’absenter. Dans ce que nous faisons, nous respectons la hiérarchie. Dans la délégation, il y a un Directeur technique et un responsable fédéral. Pour nous, c’est la fédération.  Nous n’avons pas le droit d’appeler le président Baba Tandian tant que le délégué fédéral est avec nous. Nous avons appelé Atoumane Gaye, délégué fédéral, qui était avec nous, depuis la préparation à Dakar jusqu’au mondial. Quand nous nous adressons à Atoumane Gaye, c’est lui la fédération. Maintenant, si la décision n’est pas transmise à la fédération, ce n’est pas la faute aux entraîneurs. Tous les gens qui étaient censé être au courant l’ont été. Le Directeur technique, la fédération par l’intermédiaire de son délégué fédéral. Jean Samb, Dtn adjoint, pendant la préparation, a suivi tout le dossier Diodio. Il faut que chacun assume ses responsabilités. Ce cas Didio s’est posé avant qu’on ne quitte Dakar.»

Le mondial ? : «Un camp d’entraînement pour 2011»
«Je n’ai cessé de dire à qui veut l’entendre que l’objectif, à travers le mondial, c’est bâtir une équipe plus forte que celle qui a remporté le Championnat d’Afrique à Madagascar. Tout ce que nous avons fait depuis un an, c’est de renforcer l’équipe pour conserver notre titre. Ce mondial devait servir de camp d’entraînement aux Lionnes. Le Directeur technique nous a assigné des missions. En 2009 quand nous partions à Madagascar, c’était de qualifier le Sénégal au mondial. Il n’y avait pas de titre en jeu. On nous avait jamais demandé de gagner la Coupe d’Afrique. Ce mondial était particulier. Nous sommes tombés sur une poule extrêmement difficile. Nous n’avons jamais oublié l’objectif de départ. Nous avons fait les convocations, travaillé dans la durée pendant trois mois, tout en sachant qu’il pourrait y avoir des désagréments. Mais nous l’avons souhaité pour avoir tous les contours d’une équipe meilleure que celle de l’année derniére.