Les ‘’lionnes’’ doivent certes leur réputation à leur savoir-faire qui a fait d’elles des modèles du sport féminin de notre pays mais celui qui a posé les fondements est Bonaventure Carvalho qui vient de nous quitter. Il faut le rappeler, c’est à lui qu’on confia le soin de ‘’monter’’ une équipe nationale féminine pour les Jeux de l’Amitié de 1963 qui se sont tenus à Dakar.
De ses débuts malhabiles, comme il l’avoua plus tard comme entraîneur de filles en 1963 jusqu’en fin 1987, date de son départ de la direction des ‘’lionnes’’, Bona — comme on l’appelait dans le milieu du basket — aura, pendant près de vingt cinq ans, marqué de son empreinte les ‘’lionnes’’.
L’équipe nationale féminine a été longtemps la raison de sa vie. Bona la dirigea avec autorité et succès. Rude avec ses pensionnaires au début, il était devenu au fil des ans, un fin psychologue qui savait comment gérer les problèmes de ‘’ses filles’’.
Dans un sport tenté parfois par l’irrationnel, il n’y a jamais eu de place pour les ‘’khons’’, il exécrait cette pratique et interdisait à ses joueurs de faire venir quoique ce soit dans ce domaine en sélection. Il croyait au culte du travail et de la persévérance.
Il définissait le basket comme de ‘’l’athlétisme joué’’. Il fallait des arguments techniques et physiques pour faire partie de ses équipes.
Parmi les plus brillantes joueuses du quart de siècle de Bona qui ont fait vibrer le cœur des Sénégalais à l’unisson, on retiendra les sœurs Diagne, Lopez, Pouye, Diawara, les Kankou Coulibaly, Mame Penda Diouf, les Nafi Diagne, Aminata Diagne Poulain, Marème Ba, Kadia Diarisso, Maty Lopy et Mame Maty Mbengue de la dernière génération que Bona a eu à diriger.
L’ancien entraîneur des ‘’lionnes’’ laisse aussi l’image d’un homme organisé, méthodique et rigoureux. Il n’était pas seulement entraineur mais aussi administrateur de son équipe. Il n’y avait pas de problème de passeport oublié, périmé ou sans visa, lorsque les ‘’lionnes’’ devaient effectuer des déplacements pour des compétitions.
Il n’y avait pas non plus de problème d’excédent de bagages, Bona avait même trouvé une valise standard pour toutes ses joueuses ! Naturellement, cet homme qui gagnait avec son équipe était très écouté par les pouvoirs publics. Sous Senghor et Diouf, les facilités pour les stages à l’extérieur des ‘’lionnes’’ étaient nombreuses.
Aujourd’hui, les ‘’lionnes’’ sont ‘’orphelines’’ de celui qui a contribué à leur rayonnement en Afrique. Et pour nombre de sportifs sénégalais, Bona restera à jamais comme l’entraîneur qui laissera le plus grand sillon dans le vaste champ de labeur du sport.