A mon humble avis, aujourd'hui, un lien affectif fort qui a toujours existé entre les adeptes de la balle orange et ce sport semble s'être rompu. Et, aucune personne ne doit rester insensible face à l'agonie d'un être proche ; si le basket était une personne, on pourrait aisément dire que sa famille naturelle l'a abandonné pendant qu'il croule sous le poids d'une maladie chronique, un cancer : un cancer qui gangrène l'ensemble des organes qui composent, et qui tournent autour, de ce basket Ball Sénégalais. De la même manière que chez l'être humain, où la pathologie d'un membre est synonyme de la maladie de du tout (c'est-à-dire de l'être dans sa globalité), pour le basket c'est la même règle qui prévaut. Pire, ce n'est pas uniquement un membre ou organe qui souffre de pathologie mais la totalité des membres qui est affectée, chacun souffrant d'un mal spécifique. En sport, dans le cadre d'une compétition, si l'on considère la victoire finale et l'acquisition du trophée, comme un objectif final, on se rend compte qu'elle est tributaire de plusieurs facteurs, et surtout, de la conjugaison de l'action de plusieurs acteurs ou structures. De la santé ces différentes structures, de la qualité de leur apport, de la gestion convenable (et à temps) du rôle qui leur revient, chacune et toutes, dépend le résultat final. Dans le cas du Sénégal, que ce soit pour le football masculin de EL H DIOUF, le foot féminin de MAMY NDIAYE, le Basket-ball de je ne sais qui ? Et même le Taekwondo de BINETOU DIEDHIOU, on se rend compte que la conjugaison de l'effort de plusieurs acteurs est nécessaire : Un ministère, Une fédération, un encadrement technique et enfin des joueurs (ceux sur qui le résultat dépend directement et dernier lieu). Le plus préoccupant, c'est que le dysfonctionnement d'un niveau (ministère, fédération, encadrement technique, ou joueurs) se répercute sur l'ensemble. SI ON SE PENCHE SUR NOTRE BASKET BALL, QUE LAISSE ENTREVOIR UN DIAGNOSTIC DES DIFFERENTS NIVEAUX ? UN MINISTERE A PROBLEMES Un ministère des sports avec un écart considérable entre mission et moyen : un faible budget de moins de 1% du budget national pour plus de 50 fédérations et d'innombrables équipes nationales. Un ministère des sports où on confond changement de ministre et résolution de problèmes. A chaque fois qu'un problème survient, au lieu de le résoudre, on procède juste à une nomination urgentiste qui amène une nouvelle tête : combien de ministre depuis 2000 ? Et pourtant, les problèmes de 2008 ne sont en rien différents de ceux de 2000. Un ministère où, chaque ministre, une fois en place, s'occupe plus de politique (car, vivant comme tous ses collègues « la phobie de l'éjection du jeudi ») que de politique du sport. Un ministère qui semble se plaire à garder ses structures dépendantes sous perfusion financière perpétuelle. Un ministère qui manifeste un manque de considération criard en faveur du basket Ball, quand le foot est enrhumé, c'est un problème d'Etat ; lorsque le basket agonise, personne ne s'alarme. Un ministère qui veut développer le sport tout en reléguant au second plan la petite catégorie et surtout la question des infrastructures. Pour exemple, nous pouvons citer l'insensibilité face au cas Marius Ndiaye qui s'inscrit dans un état de décrépitude rapide : panne du tableau d'affichage, l'utilisation des locaux à des fins de cérémonies privées qui occasionne une agression constante du teraflex utilisé à d'autres fins autres que le basket, la disparition miraculeuse de la ventilation du stadium etc. En un mot, ce ministère semble totalement ignorer la situation qui prévaut au sein du basket ou de la fédération de Basket. FEDERATION DE « BASSES QUETES » OU LA LOGIQUE DE « JIIROO » Une fédération où l'amateurisme semble érigé en règle de fonctionnement (l'épineuse question des déplacements sans assurances, tableau d'affichage en panne depuis plusieurs mois…). Le planning est un concept inconnu dans la planète fédérale. La prise de responsabilité ne fait pas partie des règles de fonctionnement et le mot bilan est un terme tabou. Une fédération au sein de la quelle il est permis de douter de l'amour que les dirigeants portent à cette discipline. Si ce n'est pour apparaître à l'écran, lors des grandes affiches, ces fédéraux semblent allergiques au stadium. Pour eux, être à la fédération, c'est juste occuper une position stratégique qui permet d'accéder à des ressources ou de profiter de certains privilèges (équipements sportifs, bons de carburants offerts par les sponsors, per-diem, séjours à l'hôtel et voyages ou même bénéficier de simples gadgets …). Plus grave, une fédération qui est entrain de saper l'image du Sénégal auprès des représentations diplomatiques : nos fédéraux se transforment en promoteurs de départs à l'aventure : pour quelle raison démarcher un visa pour le compte d'une personne non-sélectionnée? Peut-être, juste pour contribuer à l'hémorragie du basket-ball Sénégalais. LES FAUX FRERES OU LE CERCLE DES TECHNICIENS Pour un apport considérable au basket, ceux que l'on nomme techniciens se doivent d'être une famille, un cadre convivial et sein de réflexion pour le bien exclusif du basket. Mais, il en va tout autrement. Tout ce que plusieurs personnes ignorent, c'est que l'encadrement technique du basket-ball est sénégalais est miné par une guerre sous-jacente entre deux camps : celui des coachs sortis des Ecoles de Sport et celui des coachs issus de l'Ecole du colon. C'est aussi un milieu miné par une « hypocrisie fraternelle » : c'est un espace où chacun veut la place de celui qu'il appelle frère, et qui dans la réalité est son ennemi. Face aux dérives des fédéraux, les techniciens sont comparables à des carpes. De tous les corps, les techniciens sont les moins considérés. Leurs plannings n'est pas pris compte, leurs programmes rarement suivis. Ils sont souvent victimes de l'interférence de fédéraux ou de supposées anciennes gloires dans des choses purement techniques. LE MONDE DES COMPETITEURS L'analyse en termes de cycle de la trajectoire des équipes nationales révèle leur inscription dans une phase de régression alarmante. Au même moment, sur le plan africain, c'est un nivellement qui entrain de s'opérer : De la même façon dont le Sénégal a perdu l'avance qu'il avait sur les pays de la sous région en termes d'infrastructures (rares bénéfices de la colonisation) ; de la sorte, il a perdu l'avance qu'il avait dans le basket (rare bénéfice aussi de la colonisation). « Qui ne progresse pas, recule », le Sénégal ne progresse pas, il s'enfonce… S'il ya un fait irréfutable, c'est que la démotivation est réelle au sein des joueurs et joueuses de nos équipes. La stratégie des « blessures fictives » semble le nouveau palliatif face au gâchis de temps que constitue, pour eux et elles, la venue en sélection nationale. Si l'on examine les tâtonnements enregistrés ces dernières années, conjugué à la précarité des conditions de travail au sein des équipes nationales, les compétiteurs préfèrent s'absenter au lieu de perdre du temps inutilement. Là, nous avons un des nombreux maux qui frappe la sphère des joueurs. LE MAL EST GENERAL DES SOLUTIONS S'IMPOSENT A chaque niveau, un certain nombre de maux subsistent. Jusqu'ici, nous les taisons. L'heure n'est plus au silence complice. Il est à la réorganisation, à la restructuration, à la refondation… Seule une fédération respectable est en mesure de se faire respecter par les autres acteurs du Basket, mais surtout par les politiques. Seulement il importe de souligner, que rien ne sert de vouloir opérer une refondation sous fond de procès, mais sous forme de concertation. Le basket a besoin de l'expertise et de l'expérience de tous les sénégalais amoureux de ce sport, le basket a besoin d'échanges entre acteurs, dans un climat sain et serein (sans animosité ni objectifs inavoués). Le basket Sénégalais a besoin de « ndeup » au sens de rites de guérison, cérémonie lors de laquelle : supporters, journalistes sportifs, techniciens, basketteurs, anciens basketteurs, arbitres… seront à la première loge. Ce dont le basket Sénégalais a besoin : c'est de solutions urgentes qui ne peuvent provenir que d'une réflexion collective… GUELWAAR